Louise Desrenards on Mon, 13 Jan 2003 09:11:48 +0100 (CET) |
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[nettime-fr] Pour mieux lire la pétition voyons un film |
Voici tout en bas, déjà vieux de quelques jours et après les manifs, le lien
du journal Le Monde
( http://www.lemonde.fr/info/article/0,5987,3209--304673-,00.html )
n'y conduisant plus,
un texte écrit par trois bourgeoises mondaines (non que je les identifie
extérieurement mais quant au ton et aux arguments de leur pétition) qui ne
désemparent pas de leur condition ni de leur sexe ni même de celui des
autres.
On croit rêver qu'il soit nié toutes sortes de misères liées à la
prostitution au-delà du "mafieu"... Subsistances problématiques liées aux
conditions d'environnements dépourvus dans les pays d'origine ou sur place,
exploitation du corps de l'homme par l'homme ‹ esclavage ‹ drogue, etc. et
à confondre ces conditions avec celles du choix applicable à l'ensemble des
membres de ces réseaux!
Et puis, la prostitution commence à 2 balles pour les mômes émigrées
obligées de la place de la Nation et finit à des sommes relevant d'un
salaire de Manager de la pub, pour les call girls convolant avec les experts
commerciaux, techniques, ou politiques. Il y a (il y en a peu) les filles ou
les travelos sans souteneur ou souteneuse, et (beaucoup plus) les souteneurs
en réseau qui tiennent des parcs prostitutionnels entiers sous la menace de
vie et de mort.
Il n'y a pas de classe sociale définie par le cadre de la production
applicable à la prostitution ; c'est un leurre ou l'effet d'un maniérisme du
raisonnement logique rationaliste lié au post-marxisme et au post
libéralisme de la société néo-libérale.
Ce n'est pas l'évolution technologique des sociétés qui puisse justifier la
prostitution pour ressource de travail, quand on n'a plus de travail
technique à fournir, parce que justement la technique ayant libéré le corps
de l'homme, puis la technologie libéré l'homme du travail technique, (on
sait bien économiquement que cela ne s'est pas vraiment passé ni comme ça ni
pour ça)... toute idéologie bien connue du progrès visant à la réalisation
du bonheur sur terre, alors on retourne au corps corvéable comme corps
propre du travail lui-même! On devrait donc retourner à avant la charrue...
De plus lisons bien: la proposition professionnelle est "contractuelle"
(avec quels patrons-institutions: des "maisons" de tutelle, des proxénètes
ou proxénénettes? Des importateurs pour ledit marché ? Etc...) ou de l'ordre
de l'entreprise unipersonnelle : l'univers merveilleux du libéralisme
accompli! Cette vision de plus "plus vieux métier du monde" est
désespérant...
Vision étouffante et conformiste, moderniste post-Beauvoirienne (liée à
l'analyse de la production, mais il me semble que dans le texte répondant à
la traduction sur le cyberféminisme proposée par Nathalie, j'avais déjà cité
les dernier texte qui me paraissait faire acte dans ce domaine et qui était
celui co-écrit par Elizabeth Roudinesco à propos de l'exposition
"Masculin-Féminin" à l'ex CNAC Pompidou ‹ il y a un peu plus de cinq ans).
Cuba en a fait son industrie au prix de laquelle l'Etat de Fidel Castro a pu
survivre à la dislocation de l'URSS en prosituant sa jeunesse, si l'onpeut
dire... Penserait-on encore à l'horizon des utopies disloquées par leur
réalisation sociale, que la fin justifie les moyens?
La liberté‹ oui: qu'est-ce que la liberté à l'horizon des bio-pouvoirs?
Qu'est-ce que la condition féminine: la condition du transexuel en est-elle
une?
Etc.
"Le meilleur des mondes" ne m'interesse pas plus que les lois Sarkozy.
Il serait temps de trouver de meilleures argumentations en matière d'avancée
critique des démocraties en disparition.
Bref il y a bien toute une discussion édifiante à mener là-dessus, et
j'avoue que si la liberté d'être tel qu'on puisse exister est toujours juste
à défendre, liberté de prostituer son corps comprise, je ne pense pas que la
priorité du nombre des prostituées ou prostitués consiste en personnes qui
aient choisi librement d'en faire leur métier, et même si elles l'avaient
choisi vu les conditions ambiantes des économies, de l'éducation et des
cultures ;-)
Pour le reste, les goûts et les couleurs si je puis dire, imputés au "goût"
du métier, en effet q'il soit nous n'en doutons pas, mais de là à en faire
un cas général et durable...
Voici un film critique, "documentaire" au sens du genre des documentaristes,
d'un artiste qui s'appelle Edouard Boyer: "Pour Travail", et qui me paraît
d'une pertinente actualité...
Je pense profondément que ce film, qui se veut un acte artistique, rituel
cinématographique à partir d'un protocole proposé aux prostituées ou
travestis rencontrés, est important. Il y est question de la condition
féminine au quotidien et en full contact, tout le contraire du texte
manifeste proposé à la signature que je viens citer ici... Il y est même
question de la condition féminine du masque, sous lequel les transexuels
intègrent cette condition, et d'autres choses encore...
Qu'on le découvre du début à la fin, car sans la répétition du même geste
par la succession ded personnes différentes qui s'y prêttent, moyennnant
finance, on ne peut accéder à comprendre ce que son protocole propose...
et on reparle du manifeste après ;-)
Téléchargez RealonePlayer gratuit si vous ne l'avez pas, (au milieu de la
page titre clicable en petit dans la bande gris clair)
http://www.real.com/realone/index.html?lang=fr&loc=fr
puis:
http://www.criticalsecret.com/n5/boyer/travail_384.htm
A la rubrique "Pour Travail" (titre du film), cliquer sur "adsl ou câble"...
L.
-------
> Ni coupables ni victimes : libres de se prostituer, par Marcela Iacub,
> Catherine Millet et Catherine Robbe-Grillet
>
> Mercredi 8 janvier 2003
> (LE MONDE)
>
> La question de la prostitution est devenue récemment l'enjeu de calculs dans
> la classe politique française. Au-delà du phénomène mafieux, qu'il est
> urgent de combattre, on est en train d'opérer un amalgame entre la
> prostitution forcée et celle qui s'exerce sans contrainte, au mépris de
> l'intérêt des prostituées elles-mêmes.
>
> Si les lois Sarkozy proposent de traiter les prostituées comme des
> délinquantes, leur interdisant les rues sans leur proposer aucun espace
> alternatif où leur activité serait au moins tolérée, la gauche, plus
> précisément celle qui se réclame d'un féminisme sectaire, cherche à mettre
> en place des mesures de pénalisation des clients, les accusant d'être des
> violeurs légaux, ou, pour dire les choses plus directement, des salauds et
> des pervers qu'il faut punir et soigner.
>
> D'un côté, les prostituées sont considérées comme des déviantes qui
> s'emparent indûment de l'espace public ; de l'autre, elles apparaissent
> comme des victimes, symboles suprêmes de la domination que les hommes
> exercent sur les femmes, êtres égarés dont la parole est si dévalorisée
> qu'elle devrait être sous la tutelle d'un féminisme rétrograde.
>
> Le fait qu'une femme puisse choisir volontairement ce métier semble dans les
> deux cas inacceptable à ses adversaires : les uns considèrent qu'il s'agit
> d'un délit, les autres qu'une femme ne saurait consentir librement à un
> rapport sexuel sans désir ni amour. Ces deux visions de la prostitution sont
> en réalité deux versants du même postulat, celui qui fait du sexe une
> activité humaine à part, à la fois dangereuse et sacrée, dont les individus,
> et plus particulièrement les femmes, ne sauraient disposer à leur guise.
>
> En tant que femmes et féministes, nous nous opposons à cette façon de
> concevoir les choses. Nous nous opposons à ceux qui prétendent dire aux
> femmes ce qu'elles doivent faire de leur propre corps et de leur sexualité.
> Nous nous opposons à ceux qui s'acharnent à réprimer l'activité
> prostitutionnelle au lieu de chercher à la déstigmatiser, comme le voudrait
> 74 % de la population, selon un sondage récent (magazine Elle du 11 novembre
> 2002), afin que celles qui ont choisi ce qu'elles considèrent comme un
> authentique métier puissent l'exercer dans les meilleures conditions
> possibles.
>
> Nous pensons que, en empêchant la prostitution d'être un rapport
> contractuel, on condamne les prostituées à la violence de la rue et à
> l'arbitraire de la police. Instituer un espace de prostitution libre
> permettrait de mieux combattre les véritables réseaux d'esclavage sexuel,
> sans précariser ceux et celles qui n'ont rien à voir avec cette activité
> criminelle.
>
> Il en va de la prostitution mais aussi d'une certaine idée de la démocratie
> en matière de mSurs : une société démocratique n'a pas à considérer par
> principe que la sexualité entre adultes ne saurait être comme telle l'objet
> d'un commerce.
>
> Et si aujourd'hui on met en question cette liberté, qui nous garantit que
> demain on n'en mettra pas d'autres en péril, au prétexte qu'elles choquent
> l'idée que certains se font de l'émancipation des femmes ?
>
> Marcela Iacub est juriste, chargée de recherche au cnrs. Catherine Millet
> est directrice de la rédaction d'art press, et écrivain. Catherine
> Robbe-Grillet est écrivain.
>
> Ce texte a d'ores et déjà recueilli les signatures complémentaires de :
> Christine Angot, écrivain. Agnès b., créatrice. Catherine Breillat, cinéaste
> et écrivain. Judith Brouste, écrivain. Christine Buci-glucksmann, philosophe
> Ingrid Caven, comédienne et chanteuse. Madeleine Chapsal, écrivain. Beverly
> Charpentier, comédienne et écrivain. Régine Deforges, écrivain. Claire
> Denis, cinéaste. Arielle Dombasle, comédienne et chanteuse. Gloria
> Friedmann, artiste. Viviane Forrester, écrivain. Irène Frain, écrivain.
> Françoise Gaillard, philosophe. Paula Jacques, écrivain et journaliste.
> Nelly Kapriélian, journaliste. Sonia Kronlund, journaliste. Camille Laurens,
> écrivain. Mathilde Monnier, chorégraphe. Marie-José Montzain, directrice de
> recherche au CNRS. Geneviève Morel, psychanalyste. Marie Nimier, écrivain.
> Orlan, artiste. Alina Reyes,! écrivain. Chantal Thomas, écrivain. Adresse
> électronique : [email protected]
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