Louise des Renards on Fri, 21 Mar 2003 21:35:09 +0100 (CET) |
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[nettime-fr] Re: Hostilités (et citation) |
Exergue : Danser [avec la même passion et violence] pour ne pas faire la guerre (André Breton) ‹ suite : Je cite le texte ³hostilités² mais il y en a tant qui circulent de la même façon en ce moment : on ne peut s¹exprimer ainsi pour commencer un texte par ailleurs justifié et éprouverait-on une sympathie légitime pour son auteur. Il ne peut y avoir d¹hostilité globale contre les Etats-Unis, sinon contre les structures centrales de l¹Etat américain et les lobbies et sectes qui les dirigent, les manipulent et agissent donc tant au centre qu¹à la périphérie, quand : ‹ mille personnes sont arrêtées à San Francisco et les manifestants enchaînés violentés par la police, au moment même où la Maison blanche se transforme en bunker interdit de circulation publique urbaine, ce qui ne s¹était jamais produit auparavant aux Etats-Unis et au titre de tel modèle Jacques Derrida, il y a encore quelques semaines dans le cadre de la conférence de l¹Institut des Hautes Etudes en Psychanalyse organisée par René Major au sujet de la guerre, confirmait la persistance de la démocratie américaine (l¹avis de Jean Baudrillard n¹était pas le même) ce qui, de toutes façons est désormais prescrit ; quand de plus : ‹ le président de la CIA lui-même, même pas un militaire du Pentagone, répond aux journalistes à la place du président pantin des Etats-Unis qu¹il assiste, la nuit officielle du début de la guerre, et quand : ‹ toutes les mesures d¹écoute privées et publiques, de surveillance de l¹hypermedia, de délation, de compromission des négociations dûment monnayées près les diplomates de l¹ONU pour faire basculer leur position,e et près les dirigeants des Etats, faute d¹avoir pu les convaincre politiquement : tout ce qui aurait encore fait scandale il y a moins de dix ans ne serait-ce que dans la presse américaine elle-même, contre quoi désormais le peuple américain conscient et actif va devoir lui-même se battre de façon autonome ‹ et dans le risque ‹ en pleine répression annoncée depuis le 11 septembre... Il y avait les Refuzniks se qualifiant eux-mêmes ³l¹honneur de Tsahal² (l¹armée) en Israel, à propos desquels Leila Shahid souligna (lors du dernier meeting de "trop c'est trop", cité auparavant), qu¹ils représentent la seule chance locale que les Palestiniens puissent encore coexister avec les Israéliens serait-ce dans le cadre de deux états autonomes voisins. Maintenant en plus des Refuzniks, qui seront de plus en plus menacés chez eux, bien que que l¹objection de conscience relève des droits des soldats de toutes les armées démocratiques ou républicaines s¹agissant de l¹armée du peuple, quand l¹ONU vient de prouver en quoi elle ne pourrait plus secourir solidairement personne au regard des droits de l¹homme, il y a encore les milliers de civils américains de l¹Est à l¹Ouest et du Nord au Sud, qui vont devoir fonder leur mouvement de résistance ou perdre à jamais leurs droits dans leur propre pays. (Et nous avec nos citoyens vieux de plusieurs générations se révélant encore menacés par le réaménagement administratif récent contre l'émigration..) Comment ne pas leur être solidaires, du moins en pensées et dans les écrits, car ici en dépit des apparences passagères du fait des circonstances, nous avons aussi fort à faire pour défendre nos droits? Un nouveau fascisme de la puissance des sectes et des lobbies s¹est construit d¹après des scénarios publiés dès les années 70, mais dans lesquels personne ne voulut croire, basé sur l¹argent et qui prétend gérer l¹aménagement des ressources mondiales et arraisonner les rapports de force critiques, pendant que nous tenions notre petit train alternatif au sein des communautarismes en quête de leurs droits, (mais qui participent en tout point du même principe de lobbying, y compris l¹ ethnocentrisme), et sans doute possible aujourd¹hui se révèle ancré dans les organisations supranationales. Cela autant que dans les réactions sécuritaires qui répondent à la culpabilité démocratique (née du réfoulé, au sein du pouvoir démocratique lui-même qui accomplit sa propre disparition, d¹accompagner de tels changements dans le monde dit libre, car ce refoulé suppose dualement le fantasme de répliques innommables, alors qu¹en ceci il configure d¹abord sa propre monstruosité), dans les Etats qui en composent les localités. Ce nouveau fascisme à double visage entre par toutes les portes, y compris les plus dérobées dans tous le monde occidental, et plus particulièrement au sein des pays de l¹OTAN notamment européens : des plus anciens , à ceux qui après en être sortis y sont revenus (la France), jusqu¹aux plus récemment accourus, après l¹effondrement de URSS. L¹organisation Européenne elle-même n¹en est que l¹antichambre : voyez ici se reproduire les passages à l¹acte d¹influence contre la démocratie par la structure américaine à l¹ONU, se reproduire étrangement parmi les alliés à Bruxelles (ne serait-ce qu¹a travers l¹émergence des écoutes privées et publiques) ‹ du moins l¹Europe elle-même n¹émargerait-elle pas aux services secrets américains, les imiterait-elle étrangement dans leurs attributions étatiques?. Maintenant que le monde s¹est levé ³à propos² de l¹Irak, face à la pratique et l¹attiitude d¹irrespect du pouvoir américain à l¹encontre des peuples et de leurs représentations autorisées dans la même assemblée, voyez les exclus manifester en Argentine contre la guerre, tandis que les survivants friqués de la crise laboratoire organisée par les organisations supranationales (Banque mondiale et FMI) vit dans ses quartiers urbains derrière des barbelés! Qu¹avons nous fait pour les Argentins, n¹est-ce pas, puisque cela touchait les petits épargnants, pas les Argentins les plus pauvres? Que penseriez-vous aujourd¹hui de toute cela sinon, à l'instar d'une réactualisation de la sensibilité politique de Fanon, que désormais ³les nouveaux damnés de la terre² soient en train de se lever non pour réclamer de la nourriture et crèveraient-ils de faim, mais pour défendre l'idée même de la survie conceptuelle de la liberté face à l¹empire, serait-elle défaillante chez eux du moins elle devrait donc subsister au monde ? Et ils crient partout le refus du pouvoir mondial, et leur révolte contre les organisations unies sur la question des droits après la seconde guerre mondiale, qui devaient représenter universellement leur part maudite, alors qu¹elles se vendent dans le scandale absolu de la disparition de la démocratie jusqu¹au territoire qui l¹avait fondée de façon représentative. Et ils désignent que des répressions épouvantables dans le monde sont annoncées ‹ ou des révolutions supra-nationales. Il ne s¹agit pas d¹une opinion mais d¹un constat que nous ne devrions pas négliger de faire : les marcheurs inclus ce qu¹il reste de paysans sur toutes les chaussées urbaines du monde, du plus dépourvu au plus pourvu, manifestent le triomphe de l¹universalisme pour ultime confiance anthropologique des peuples parvenus au terme des modernités. Et cette façon autonome, loin des partis s'agirait-il de Starhawk ou même des "Multitudes", est un concept qu¹aucune organisation politique, ni même d¹extrême gauche ni d¹extrême droite, ne peut prétendre représenter ou avoir structuré penserait-elle légitimement y concouru pour sa propre part. Depuis cette singularité d'autonomie pour événement, et de son consensus universaliste émergent spontané, il paraîtrait fécond de refonder la critique stratégique, que ce soit face aux répressions ou aux réformes annoncées. L.D. > quote: > > Hostilités > > Eh bien voilà, c'est parti. Au déclenchement des hostilités contre l¹Irak vont > répondre les manifestations d¹hostilité contre les Etats-Unis. A l¹hostilité > anti-US va s¹opposer l¹hostilité anti-anti-US et ainsi de suite. L¹hostilité a > de beaux jours devant elle, l¹avenir lui appartient. > > Ce n¹est certes pas encore l¹heure des bilans. Des bilans définitifs, > s¹entend. Car en attendant le fin mot de l¹histoire, le bilan de nos > impuissances collectives à éviter « l¹évitable » peut commencer. « Tous > ensemble, nous pouvons empêcher cette guerre » ? Non, nous n¹aurons pas su. > Nous n¹aurons pas pu. Petite revue des écueils, actes manqués, insuffisances > et manques de suite dans les idées dont il faudra se souvenir. Quand tout sera > « terminé. » C¹est à dire quand tout pourra recommencer. Parce que nous aurons > oublié. > > 1) Refuser la guerre et en appeler à la raison est bien joli, mais ne dit pas > quoi faire à la place. Bien sûr, la guerre promet plus de catastrophes qu¹elle > n¹en « prévient. » Bien sûr, elle doit être l¹ultime recours. Bien sûr, les > enjeux pétroliers et géostratégiques ne sauraient permettre n¹importe quoi. > Mais suffit-il de se nourrir de sa propre perspicacité pour créer un rapport > de force susceptible de constituer une alternative à la guerre ? > > 2) Eviter la guerre est une chose, créer les conditions de la paix en est une > autre. Pour que s¹abstenir de lui taper dessus ne signifie pas le maintien du > statut quo, il ne suffit pas de préciser, en tout et pour tout, qu¹en effet, > on en est conscient, Saddam est un « affreux dictateur », « épouvantable », « > sanguinaire. » Encore faut-il en tirer les leçons et, en bonne logique, > décider que l¹objectif des Nations Unies n¹est pas seulement de désarmer > l¹Irak mais de contraindre ses dirigeants à respecter les droits humains et > les valeurs de la démocratie. > > 3) Ce n¹est pas un « camp de la paix » qui s¹est opposé à la détermination > américano-britannique, c¹est un « camp de la non-guerre. » C¹est d¹ailleurs de > mouvements « anti-guerre » dont il aura été question, sans que personne, > visiblement, ne se formalise du caractère réducteur mais ô combien justifié de > l¹appellation. N¹y avait-il rien d¹autre à proposer qu¹un vague « renforcement > » du régime d¹inspection ? Entre une diplomatie objectivement incapable > d¹exercer sur Bagdad la pression voulue et le déclenchement des frappes > préventives autant que punitives des Américains, n¹y avait-il rien à tenter ? > > 4) Si l¹ONU n¹était pas en position de force face à la détermination > américaine, ses inspecteurs en revanche l¹étaient face à Saddam Hussein. > Pourquoi ne pas en avoir profité pour imposer sur le territoire irakien une > force internationale susceptible de favoriser l¹émergence d¹une société civile > revendicative ? Et pourquoi, au premier ultimatum venu, ordonner l¹évacuation > du personnel onusien ? Il faudrait savoir. De qui Kofi Annan est-il censé > recevoir des ordres : de la Maison Blanche ou du Conseil de sécurité ? > > Il faudra se souvenir des renoncements et des déclarations d¹intention sans > lendemain opérationnel qui auront préludé à cette guerre. D¹un autre côté, il > sera bon aussi de prendre au sérieux les arguments de ceux qui la justifient > aujourd¹hui. W. Bush a beau jeu de proclamer qu¹il va libérer un peuple : > qu¹aurons nous fait pour protéger les Irakiens de leur tyran pendant toute ces > années ? Il aura en quelque sorte fallu que les américains s¹énervent pour > que, non sans hypocrisie, l¹on y aille d¹un soudain « Ni Bush, ni Saddam »Š > > L¹administration américaine, comme chacun sait, a d¹autres noms sur sa liste. > Et nul doute que, de près ou de loin, les prochaines cibles ne soient pas de > doux démocrates et méritent eux aussi le châtiment suprême. Que fera-t-on > alors ? Que fait-on là, maintenant ? A la vitesse où l¹histoire se répète ces > temps-ci ce doit être ça la mondialisation on a intérêt à se poser la > question sans attendre d¹être à nouveau dans l¹urgence. Dans l¹urgence, on le > voit bien, il est en général déjà trop tard. Alors à plus tard à trop tard > dans les manifs pour dire non à la guerreŠ « Tiens, salut Machin ! Alors, ça > boume ? Ça gaze ? » > > > D. B., le 21 mars 2003 > > -- < n e t t i m e - f r > Liste francophone de politique, art et culture liés au Net Annonces et filtrage collectif de textes. <> Informations sur la liste : http://nettime.samizdat.net <> Archive complèves de la listes : http://amsterdam.nettime.org <> Votre abonnement : http://listes.samizdat.net/wws/info/nettime-fr <> Contact humain : [email protected]