Louise Desrenards on Sun, 10 Aug 2003 20:19:08 +0200 (CEST) |
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[nettime-fr] dernière précision sur la question desdrogues et l'analyse critique |
Au cas où certains se seraient abusés sur le raisonnement de mon analyse à propos de l'environnement idéologique dans l'affaire Cantat/ Trintignant, le prenant au contraire pour un jugement, je tiens à remettre une précision sur la question de la drogue. D'abord je ne présume pas de cela dans ce qui vient d'arriver, je reprends simplement la presse et la rumeur (d'abord sur Cantat, puis après l'enterrement de Marie, sur Marie, même dans un journal comme Libé) ; cela est révélateur donc je me demande de quoi et je réfléchis pragamatiquement... Quant à la drogue : je fais partie de ceux qui pensent que la libéralisation pharmacologique pour commencer serait déjà une façon de résoudre des problèmes liés à l'interdit y compris le commerce, immédiatement plus mortifères que les drogues en elles-mêmes. Ensuite : à voir. Dans ce domaines il faut toujours être pragmatique ‹ et rapide. Reste la question de la responsabilité face à la drogue, à savoir : je ne pense pas intéressant de considérer comme irresponsable quelqu'un qui se drogue au point qu'il pourrait en devenir fatal à son entourage. Je parle des adultes, évidemment : savoir qu'une addiction et des troubles de manque ne pourraient être réputés inconnus de ceux qui en usent ni d'en méconnaître les effets sur leur personnalité particulière, est une question de respect fondamental à l'égard du drogué lui-même, dès lors que la drogue est socialement tolérée. Mais cela suppose évidemment la contrepartie. Et donc les personnes considérées ou se disant toxicos ne pourraient ignorer, dans ce domaine, en quoi à la marge de leur problème ou de leur jouissance personnels, s'agirait-il d'une sorte de suicide volontaire (sans enlever le droit à quiconque de disposer de sa propre vie), ils pourraient devenir préjudiciables à leurs proches ou à leur environnement. J'ajouterai que passée la barrière au-delà de laquelle on peut mettre en cause la vie des proches, ou la sienne contre son propre gré, alors on est responsable de prendre la décision de s'isoler de ceux-ci pour mettre un terme à l'escalade, ou d'aller se faire soigner. Faute de quoi, en effet, il revient à la société de décider les mesures de protection et de soins, à la place de l'individu devenu malade de sa toxicomanie, à partir du moment où il a perdu cette faculté de discernement. J'ajoute me semble-t'il qu'un alcoolique réputé agressif sous l'effet de l'alcool ne pourrait ignorer cette influence sur son comportement dans le cadre de sa relation avec les autres (y compris son affaiblissement dans le cas inverse). Idem quant à toute autre toxicomanie... Un point au contraire pour la société américaine exclusivement à propos de l'alcool : l'exemple des alcooliques anonymes auprès desquels l'inscription active est obligatoire pour recouvrer son permis en cas de problème au volant, ou d'actes de petite délinquance, voir en cas d'hospitalisation... Cela n'empêche pas les grand bonshommes au contraire : des romanciers comme James Ellroy, par exemple, qui a raconté sa propre expérience dans un ouvrage sur son oeuvre publié chez son éditeur Rivages. D'autre part mon point de vue à propos de l'affaire Cantat est d'abord un texte sur la responsabilité individuelle et citoyenne, sur la question des limites des libertés et de la légitimité respective et réciproque, et sur la question politique de l'environnement idéologique en amont de tels drames qui tentent à devenir banals. Et donc ces drames désormais posent la question de l'éducation. Ce glissement idéologique dans les représentations pourrait également s'analyser à propos du franchissement des règles du respect des citoyens par le pouvoir politique national ou européen (de là à savoir si c'est par négligence ou simplement de fait cynique lié aux lobbies de la globalisation, c'est un autre débat ; ici nous ne cherchons pas la question de la culpabilité mais à comprendre le processus). Car depuis cette absence de conscience masculine sur l'autonomie différentielle des femmes, on peut considérer le même effet pervers sur l'absence de différenciation par les cadres au pouvoir entre eux-mêmes et les citoyens qu'ils représentent ou pour lesquels ils travaillent... et de cela l'intégration par les citoyens eux-mêmes, à leurs propres dépens... Comme les femmes sans révolte face au conflit de la soumission se résolvant à leur défaut, parfois jusqu'à la mort. Moi je cherche comment on peut sortir des impasses de la mutation de la représentation pour retrouver un état de conscience critique actif, une autonomie politique de l'être en société, et je n'attends pas que les philosophes le fassent à ma place, je n'y crois plus, ce sont eux qui nous ont amené a bioéthique et les bio-pouvoirs, cette vraie cochonnerie substituant, par l'effet intellectuel tenant lieu de chorus d'innovation ultime du progrès trans-moderne aux hommes politiques et autres experts laquais, aux yeux des citoyens : qu'on leur dérobait leur propre détermination active dans le projet politique qui allait les gérer... Nous devons nous livrer à l'observation et l'analyse en notre propre perception et réflexion ; comment revenir à un état de conscience ? Disons même : avant d'agir (car pour agir il y a déjà des organisations ce n'est donc pas la question à la base) ; s'agissant de la formation de nouvelles générations à la pensée critique exercée comme réflexion, non comme répétition d'un modèle ... La réflexion dans ce cas ne peut être que radicale ou elle n'est pas éclairante, ou elle renforce l'idéologie ; on ne peut l'énoncer depuis une organisation militante, y serait-on solidaire et ladite organisation serait-elle nécessaire. S'y adonner est-ce encore possible sans être voué aux Gémonies ? Aurait-on oublié le rôle du fou ? Voilà, cette fois je m'en vais pour quelque temps (j'en vois dire "ouf" ;-) ... sur le serveur ! Amitié sincère à ceux qui restent à ceux qui supportent de recevoir et de lire. L.D.
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