Nobody on Tue, 6 Apr 2004 20:18:06 +0200 (CEST) |
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RE: RE : [nettime-fr] vous avez dit : Liste francophone de politique, art et culture li�s au Net |
Les Foules
Il n�est pas donn� � chacun de prendre un bain de multitude : jouir de la
foule est un art ; et celui-l� seul peut faire, aux d�pens du genre humain,
une ribote de vitalit�, � qui une f�e a insuffl� dans son berceau le go�t du
travestissement et du masque, la haine du domicile et la passion du voyage.
Multitude, solitude : termes �gaux et convertibles pour le po�te actif et
f�cond. Qui ne sait pas peupler sa solitude, ne sait pas non plus �tre seul
dans une foule affair�e.
Le po�te jouit de cet incomparable privil�ge, qu�il peut � sa guise �tre
lui-m�me et autrui. Comme ces �mes errantes qui cherchent un corps, il
entre, quand il veut, dans le personnage de chacun. Pour lui seul, tout est
vacant ; et si de certaines places paraissent lui �tre ferm�es, c�est qu��
ses yeux elles ne valent pas la peine d��tre visit�es.
Le promeneur solitaire et pensif tire une singuli�re ivresse de cette
universelle communion. Celui-l� qui �pouse facilement la foule conna�t des
jouissances fi�vreuses, dont seront �ternellement priv�s l��go�ste, ferm�
comme un coffre, et le paresseux, intern� comme un mollusque. Il adopte
comme siennes toutes les professions, toutes les joies et toutes les mis�res
que la circonstance lui pr�sente.
Ce que les hommes nomment amour est bien petit, bien restreint et bien
faible, compar� � cette ineffable orgie, � cette sainte prostitution de l�
�me qui se donne tout enti�re, po�sie et charit�, � l�impr�vu qui se montre,
� l�inconnu qui passe.
Il est bon d�apprendre quelquefois aux heureux de ce monde, ne f�t-ce que
pour humilier un instant leur sot orgueil, qu�il est des bonheurs sup�rieurs
au leur, plus vastes et plus raffin�s. Les fondateurs de colonies, les
pasteurs de peuples, les pr�tres missionnaires exil�s au bout du monde,
connaissent sans doute quelque chose de ces myst�rieuses ivresses ; et, au
sein de la vaste famille que leur g�nie s�est faite, ils doivent rire
quelquefois de ceux qui les plaignent pour leur fortune si agit�e et pour
leur vie si chaste.
Charles Baudelaire, Le Spleen de Paris, XII, 1869.
-----Message d'origine-----
De : Olivier Auber [mailto:[email protected]]
Envoy� : mardi 6 avril 2004 18:52
� : [email protected]
Objet : RE: RE : [nettime-fr] vous avez dit : Liste francophone de
politique, art et culture li�s au Net
parce que l'art est m�ta-politique
Le politique tente de "deviner mieux que la foule, ce que la foule va faire"
(Keynes). Cela ne vaut gu�re mieux que faire tourner les tables ou tirer les
tarots.
Faire des commentaires, c'est s'inscrire dans la foule.
On a tous beaucoup de choses � faire, � exp�rimenter, n�cessairement dans
l'ombre, � la marge.
Olivier Auber
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