nicolas maleve on Wed, 14 Apr 2004 19:01:49 +0200 (CEST)


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[nettime-fr] BRussells Tribunal


http://www.brusselstribunal.org/


Une remise en question du Nouvel Ordre Imp�rial
Un tribunal international sur le Project for the New American Century (PNAC)
et sa mise en oeuvre par le cabinet de guerre du pr�sident Bush lors de
l'invasion de l'Iraq

ENGLISH | NEDERLANDS | FRAN�AIS

Synopsis

Le BRussells Tribunal est un comit� d�audience compos� d�universitaires,
d�intellectuels et d�artistes, dans la tradition du Tribunal Russell, cr��
en 1967 pour enqu�ter sur les crimes de guerre commis durant la Guerre du
Vietnam. L�audience aura lieu les 14- 17 avril 2004, au Beursschouwburg et
aux Halles de Schaerbeek, � Bruxelles. Le Tribunal sera pr�sid� par le
Professeur Fran�ois Houtart, l�un des p�res fondateurs du Forum social
mondial de Porto Alegre. Ce Tribunal s�oppose � la guerre en Irak et �
l�imp�rialisme guerrier pr�n� par l�administration Bush II. Il s�attaquera
principalement au PNAC (� Project for a New American Century �, Projet du
nouveau si�cle am�ricain), le groupe de r�flexion n�oconservateur qui
soutient cette guerre, et en particulier aux trois co-signataires de sa
d�claration de mission: Donald Rumsfeld, Dick Cheney et Paul Wolfowitz.
Ceux-ci sont en effet le lien physique entre le discours et la mise en
pratique brutale du nouvel ordre imp�rial, �nonc� dans le PNAC.

Historique

Juste avant le d�but de la guerre en Irak, une p�tition, sign�e par
quelque 500 artistes, �crivains, intellectuels et universitaires, dont
Julia Kristeva, Richard Plunz, Irving Wolfharth, Anne Teresa De
Keersmaeker, Hans Ulrich Obrist et Fran�ois Houtart, avait �t� lanc�e.
Elle en appelait � la morale et, si possible, � une action en justice
contre le � Projet du nouveau si�cle am�ricain � et les autorit�s
responsables de la guerre contre l�Irak. Elle fut publi�e le 21 mars (le
lendemain du d�clenchement des hostilit�s) dans deux quotidiens belges, De
Standaard et et De Morgen. Rapidement, on se rendit compte qu�une action
en justice �tait peu Rapidement, on se rendit compte qu�une action en
justice �tait peu  probable, puisque les �tats-Unis avaient persist� �
agir � l�encontre de toute autorit� l�gale susceptible de les menacer, et
ne changeraient manifestement pas de cap.

D�o� l�id�e de cr�er un � tribunal moral � qui interrogerait la l�gitimit�
de l�intervention militaire au regard du droit international ainsi que la
responsabilit� incombant � la nouvelle politique am�ricaine et aux groupes
de r�flexion sur lesquels elle s�appuie, qui restent jusqu�� pr�sent hors
d�atteinte de la justice.

Une large plate-forme, compos�e de plusieurs organisations culturelles
belges, fut mise sur pied afi n de concr�tiser la premi�re proposition de
la p�tition, � savoir la cr�ation d�un Tribunal de Bruxelles, sur
l�exemple de l�historique Tribunal Russell. � la fi n du mois de juin
2003, lors d�une conf�rence de r�seau organis�e par la Fondation Russell �
Bruxelles, on d�cida qu�une s�rie d�auditions se tiendraient � divers
endroits du monde, avant une s�ance fi nale � Istanbul. Le Tribunal de
Bruxelles en serait l�une des commissions d�enqu�te. La Fondation Russell
accepta de soutenir l�initiative, et dans le cadre d�une conf�rence de
presse qui suivit la r�union, ses repr�sentants annonc�rent : � Une
proposition visant � constituer une commission d�enqu�te qui culminerait
avec la cr�ation d�un Tribunal sur la guerre en Irak a �t� discut�e. Les
parties en pr�sence r�examineront cette possibilit� en d�tail lors d�une
s�rie de  consultations qui auront lieu en Turquie, en Belgique, aux
�tats-Unis et au Japon �.

Depuis lors, les organisations pour la paix et les associations de
juristes sont nombreuses � avoir rejoint le r�seau. L�initiative gagne en
taille et en �lan chaque jour. (Vous trouverez ici une liste provisoire
des organisations).

Quelques mots sur le PNAC

L�acronyme PNAC est � la base de la guerre en Irak et de bien d�autres
confl its � venir. C�est au printemps 1997 que les n�o-conservateurs
Robert Kagan et William Kristol du Weekly Standard fond�rent le � Projet
du nouveau si�cle am�ricain � ( Project for the New American Century,
PNAC). Les signataires les plus c�l�bres de la d�claration de mission sont
Dick Les signataires les plus c�l�bres de la d�claration de mission sont
Dick Cheney, Donald Rumsfeld, Jeb Bush (le fr�re de George W.), Francis
Fukuyama et, dernier mais non le moindre, Paul Wolfowitz, anciennement
professeur de Politique Internationale et doyen du d�partement de
Politique Internationale de l�Universit� John Hopkins. Son directeur
actuel est Gary Schmitt. Soulignons que nombre de ses membres sont
�troitement li�s � l�industrie militaire et p�troli�re. Le PNAC se d�crit
lui-m�me comme � une organisation � but non lucratif, �ducative, qui vise
� promouvoir le leadership am�ricain mondial�.

Sa � D�claration de principe � est sans �quivoque : � L�histoire du XX�me
si�cle devrait nous avoir appris qu�il vaut mieux infl uencer la marche
des �v�nements avant qu��mergent les crises, et r�pondre aux menaces avant
qu�elles n�aient des cons�quences d�sastreuses. L�histoire de ce si�cle
devrait nous avoir appris � embrasser la cause du leadership am�ricain
mondial � (il s�agit de la doctrine de � l�attaque pr�ventive � et de �
l�h�g�monie bienveillante �). Le PNAC s�articule autour d�un programme en
quatre points, qui doit lui permettre d�accomplir sa mission :

    * � Nous devons augmenter consid�rablement nos d�penses dans le
domaine de la d�fense si nous voulons assumer aujourd�hui nous
responsabilit�s mondiales, et moderniser nos forces arm�es pour
l�avenir � ;
    * � Nous devons renforcer nos liens avec nos alli�s d�mocratiques et
remettre en question les r�gimes hostiles � nos int�r�ts et � nos
valeurs � ;
    * � Nous devons promouvoir la cause de la libert� politique et
�conomique � l��tranger� ;
    * � Il nous faut accepter la responsabilit� du r�le unique de
l�Am�rique dans la sauvegarde et l�expansion d�un ordre international
favorable � notre s�curit�, � notre prosp�rit� et � nos principes �.

En septembre 2000, avant la victoire de George W. Bush aux �lections
pr�sidentielles, le PNAC avait publi� un rapport fondamental, intitul� �
Repenser les d�fenses de l�Am�rique : Strat�gies, forces et ressources
pour un si�cle nouveau �, dans lequel le groupe d�clarait clairement
qu�attaquer Saddam n��tait qu�un alibi pour asseoir la supr�matie
am�ricaine : � Pendant des d�cennies, les �tats-Unis ont cherch� � jouer
un r�le plus permanent dans la s�curit� de la r�gion du Golfe. Si le
conflit non r�solu avec l�Irak fournit une justification imm�diate, la
n�cessit� d�une pr�sence am�ricaine forte dans le Golfe passe avant le
probl�me du r�gime de Saddam Hussein� (p. 14). Le rapport pr�conisait une
modernisation � grande �chelle de l�arm�e, et estimait qu�une enveloppe
annuelle de 15 � 20 milliards de dollars serait n�cessaire pour
transformer les forces am�ricaines en une sorte de � super-force
imp�riale�, qui prendrait le commandement de la �r�volution des affaires
militaires�. Cependant, le PNAC avait bien conscience des difficult�s �
affronter avant d�atteindre cet objectif : �Le processus de transformation
sera probablement long, sauf �v�nement catastrophique d�clencheur, du
genre d�un nouveau Pearl Harbor� (p. 21). Thomas Donnelly, principal
auteur du rapport, travaille actuellement pour la soci�t� Lockheed Martin.

Lorsque Bush est arriv� au pourvoir, accompagn� de Dick Cheney comme
vice-pr�sident, de Donald Rumsfeld � la D�fense, et de Paul Wolfowitz au
poste de vice-ministre de la D�fense, la th�orie du PNAC est devenue la
r�f�rence en mati�re de d�fense et de politique internationale
am�ricaines. Cette th�orie a re�u l�approbation officielle de la Maison
Blanche dans un document sign� personnellement par le pr�sident Bush : �La
strat�gie de s�curit� nationale des �tats-Unis d�Am�rique� (septembre
2002). Entre- temps, les �v�nements ont confirm� que les principes d�une
supr�matie militaire mondiale impitoyable �taient bien appliqu�s.

Apr�s le 11 septembre, ces personnes dispos�rent de � l��v�nement
catastrophique d�clencheur� et du cr�dit politique n�cessaires pour mettre
leur programme en oeuvre. Ils purent accomplir l�une des autres t�ches
fondamentales de la nouvelle arm�e am�ricaine: �mener et gagner de mani�re
d�cisive les principales et multiples guerres simultan�ment en cours dans
le monde � (p. 4). Cette phrase terrible m�rite sans doute quelques
explications.

� Les principales guerres mondiales � est un terme militaire qui d�signe
les grands champs � est un terme militaire qui d�signe les grands champs
de bataille, mais si vous savez d�j� que vous �gagnerez de mani�re
d�cisive � avant m�me de partir au combat, l�effort devient une � guerre
de fa�ade�, au sens plus g�n�ral de � guerre de pacotille �. Cette
rh�torique devrait sauter aux yeux de la plan�te enti�re. Selon George W.
Bush lui-m�me : � Qui n�est pas avec nous est contre nous�. Par
cons�quent, ces guerres doivent �tre � multiples et simultan�es �. Comme
dans l�Empire romain, le �Projet d�un nouveau si�cle am�ricain � veut
imposer au monde entier une �Pax Americana �, qui signifie en r�alit� une
�domination compl�te �. Le rapport PNAC n�est que l�itin�raire qui m�ne �
ce nouvel ordre imp�rial, dans lequel une m�ga-arm�e de pointe dirige �un
monde de plus en plus chaotique�, � grand renfort d�interventions de choc,
de manoeuvres d�intimidation et de technique de la terre br�l�e.[1]

Accusation

Nous pensons que le programme du PNAC mis en oeuvre par le cabinet de
guerre de George Bush m�ne tout droit � des violations du droit
international, � des milliers de victimes superflues, ainsi qu�� la
d�stabilisation de la plan�te enti�re, d�un point de vue tant social que
politique et humanitaire. Il conduit � une militarisation sans pr�c�dent
du monde. Cette nouvelle h�g�monie am�ricaine est en r�alit� une mani�re
de servir les int�r�ts de l�industrie p�troli�re et du complexe
militaro-industriel des Etats-Unis (auxquels de nombreux membres du PNAC
et proches de Bush sont �troitement li�s). Cette politique menace
gravement et de mani�re persistante la paix mondiale. �L�acte d�accusation
� peut provisoirement �tre �nonc� comme suit :

1 Pour en savoir plus sur le PNAC, surfez sur www.newamericancentury.org ;
un excellent dossier sur le sujet a �t� compil� par moveon.org (disponible
sur demande) ; consultez �galement les sites suivants:
www.pnacrevealed.org ou www.pnac.info

� Le Projet du nouveau si�cle am�ricain et ses membres, en particulier les
principaux responsables du PNAC au sein du cabinet Bush, ont pr�n�,
planifi � et commis des crimes contre le droit international et l�humanit�
(sinon au sens juridique, du moins au sens �thique).�

M�me si le PNAC n�est qu�une th�orie et qu�� ce titre, ses membres
pourraient invoquer et invoqueront certainement la � libert� d�expression
�, nous pensons que leur discours est � caract�re performatif : il vise �
l�action. Il n�est d�s lors plus question de libert� d�expression, mais
bien de propos qui sont sources d�actions. Ces derni�res, d�coulant
directement du discours du PNAC et de sa transposition dans la � Strat�gie
de s�curit� nationale des �tats- Unis �, sign�e par le pr�sident Bush
(septembre 2002), sont inadmissibles.

En voici les principales :

1) La planification d�une guerre sans la preuve du danger imminent pour le
pays concern� est consid�r�e comme un �acte d�agression � en droit
international. Mener une telle guerre d�agression constitue une violation
claire et nette de la Charte des Nations unies.

- La doctrine de la �frappe pr�ventive �, propos�e par Paul Wolfowitz dans
les Lignes directrices de la d�fense en 1991, est incompatible avec le
droit international, qui limite le recours � l�autod�fense aux situations
o� un �tat a subi une attaque arm�e, c�est-�-dire une agression. Cette
doctrine, que le pr�sident Bush a offi ciellement faite sienne dans son
discours � l�Acad�mie militaire de West Point (1/6/2002), constitue une
grave menace pour la paix mondiale ainsi qu�une violation du droit
international.

- L�invasion de l�Irak par les �tats-Unis et le Royaume-Uni �quivaut � une
grave violation du droit international et de la Charte de l�ONU.

- Outre les situations d�autod�fense, la Charte de l�ONU stipule que les
�tats ne peuvent recourir � la force arm�e qu�avec l�assentiment du
Conseil de S�curit�. La Charte a institu� un syst�me de s�curit�
collective, auquel l�actuelle administration am�ricaine d�sob�it
ouvertement. Qui plus est, les principaux conseillers du pr�sident, comme
Richard Perle, le consid�rent hors de propos, bref, comme un obstacle �
�liminer.

- Jusqu�� pr�sent, on n�a trouv� aucune arme de destruction massive, ce
qui fait du casus belli tout entier une v�ritable supercherie.

2) Pendant la guerre en Irak, le droit humanitaire international a �t�
enfreint � de multiples occasions et viol� de mani�re �vidente et r�p�t�e
:

- L�utilisation de bombes-grappes contre les civils peut �tre consid�r�e
comme un crime de guerre, car elles causent des blessures inutiles,
notamment celles qui surviennent longtemps apr�s le cessez-le-feu.

- L�utilisation d�uranium appauvri dans les munitions et les bombes peut
�tre consid�r�e comme un acte parfaitement inutile et un crime de guerre
grave.

- La chasse aux journalistes qui ne sont pas plac�s sous la protection des
unit�s am�ricaines peut �tre per�ue comme une guerre contre la presse
libre, donc une violation de la libert� d�expression.

- Le droit international �nonce clairement que l�arm�e en guerre a pour
devoir d�identifi er et d�incin�rer les soldats qu�elle a tu�s. Les
�tats-Unis et les forces de la coalition n�ont pas respect� cette r�gle.

3) Les devoirs d�une force d�occupation n�ont pas �t� respect�s (et ne le
sont toujours pas) :

- Le fait que non seulement les bombardements massifs aient d�truit le
pays, mais encore que le pillage des h�pitaux se soit poursuivi pendant
plusieurs jours, prouve bien que la coalition ne cherche pas � y mettre
fin (les soldats ont uniquement prot�g� les champs de p�trole et le
minist�re du P�trole). L�absence totale de protection des h�pitaux
constitue un manquement au devoir des forces d�occupation de porter
assistance aux victimes de guerre. Nous pouvons voir en cette grave
omission une infraction aux r�gles de guerre, puisque la l�gislation
internationale de la guerre �nonce clairement que l�occupant a le devoir
d�instaurer l�ordre et la s�curit� dans le pays occup�.

- La permissivit� face au pillage de tous les minist�res prouve que la
coalition ne veut pas vraiment enqu�ter sur l�histoire de cet effroyable
r�gime, puisqu�elle a tol�r� la destruction d�un grand nombre d�archives.
Dans une certaine mesure, on peut y voir une attaque contre la m�moire
collective irakienne.

- La politique permissive de l�arm�e am�ricaine et des forces de la
coalition face au pillage du mus�e national de Bagdad et de beaucoup de
sites importants peut �tre tenue pour un crime contre le patrimoine
culturel du pays et, �tant donn� la valeur inestimable de ces sites (comme
celui de Babylone), berceaux de la civilisation (occidentale et
orientale), pour un crime contre le patrimoine culturel de l�humanit�
elle-m�me.

- La reconstruction de l�Irak est et sera une bonne affaire pour plusieurs
soci�t�s am�ricaines : Halliburton, Kellogg Brown & Root, Bechtel. Les
revenus du p�trole irakien profiteront directement ou indirectement aux
compagnies am�ricaines (qui sont pour la plupart des concurrentes sur le
march� p�trolier). Ceci va � l�encontre des principes les plus
fondamentaux du droit international, qui veulent que l��tat responsable
d�infractions au droit ou aux r�glements internationaux n�en tire pas
avantage ; il est pri� de fournir des compensations pour les dommages
caus�s par lesdites infractions.

4) L�occupation de l�Irak par les forces am�ricaines et britanniques est
une violation du droit international.

- Le fait que les puissances occupantes fassent partie des membres
permanents du Conseil de S�curit� de l�ONU et opposeront leur veto � toute
r�solution destin�e � mettre fi n � l�occupation ne modifie en rien la
situation de violation permanente du droit international et de la Charte
des Nations unies, ratifi�e � la fois par les Etats-Unis et par le
Royaume-Uni.

5) La � nouvelle souverainet� imp�riale am�ricaine � conduit � un � �tat
d�exception � mondial.

La guerre en Irak n�a rien d�un �v�nement isol�, comme on peut le d�duire
� la lecture du rapport du PNAC et du cas de l�Afghanistan, sans parler
des menaces contre la Syrie et l�Iran, ni de l�id�e de � punir � la France
pour son opposition � la guerre, ou encore la Belgique en raison de sa loi
antig�nocide. Cette �politique unilat�rale �, qui d�bouche sur une
h�g�monie plan�taire telle qu�elle est �nonc�e dans le rapport du PNAC
(septembre 2000), puis transpos�e dans le � Rapport sur la s�curit� �
officiel du pr�sident George W. Bush (septembre 2002) et mise en oeuvre
depuis, continuera � d�stabiliser la plan�te sur le plan social,
�conomique, politique et humanitaire, et � faire des victimes inutiles.

Le rejet de toutes les autorit�s l�gales internationales qui seraient en
mesure de contr�ler ou de condamner les citoyens des �tats-Unis, en
particulier l�opposition flagrante � l�ONU et le rejet de la Cour P�nale
Internationale, prouvent que les �tats-Unis n�gligent totalement l�ordre
l�gal international. Il nous semble imp�ratif d��tudier et de critiquer
les fondements � philosophiques � (ou id�ologiques) de ce � nouvel ordre
imp�rial � dans les travaux de Robert Kaplan, Robert Kagan, Paul
Wolfowitz, Francis Fukuyama, Samuel Huntington et consorts. Il s�av�re
essentiel d�exposer les fondements du concept in�dit de �domination
compl�te � ( full spectrum dominance) dominance [2].

Le changement de cap de la politique am�ricaine est aussi dramatique
qu�alarmant.

Le passage du multilat�ralisme � l�unilat�ralisme n�a rien d�innocent.
�L�h�g�monie bienveillante�[3] d�fendue en 1996 par les fondateurs du
PNAC, Robert Kaplan et William Kristol, est devenue malveillante. �
L�exception am�ricaine � qu�ils d�fendaient s�est mu�e en � �tat
d�exception �. La souverainet� a toujours consist� en un droit � d�clarer
l��tat d�exception (selon Carl Schmitt[4]) ; or, il semble que la nouvelle
politique am�ricaine cumule ces exceptions :

- De nombreux prisonniers de guerre des conflits afghan et iraquien sont
d�tenus sur la base de Guantanamo (Cuba), choisie car situ�e en dehors du
territoire des �tats-Unis.

Par cons�quent, l�administration Bush pr�tend que la l�gislation
am�ricaine concernant le traitement des prisonniers n�est pas applicable
(les pratiques de Guantanamo ont �t� critiqu�es par diverses organisations
des droits de l�homme).

- La doctrine des � frappes pr�ventives �, d�j� mentionn�e.

- L�abandon des accords de Kyoto sur le contr�le des changements climatiques.

- Le rejet de la Cour P�nale Internationale de La Haye.

- Le rejet du trait� de non-prolif�ration des armes nucl�aires.

- Les lois Patriot I et II qui suspendent de nombreux droits civils de base.

- L�expulsion, depuis le 11 septembre, de milliers d�immigr�s install�s
aux Etats-Unis depuis des ann�es.

- L�abandon complet des ch�meurs et des pauvres (dans des ghettos comme
Skid Row � Los Angeles).

Tous ces �l�ments concourent � prouver que � l�exception am�ricaine � se
dirige vers un dangereux � �tat d�exception � (y compris � l�int�rieur
m�me des �tats-Unis).

2- Un concept cl� de � Joint Vision 2020 �, le projet pour l�arm�e
am�ricaine pour les d�cennies � venir, d�fini comme la capacit� des forces
am�ricaines � vaincre n�importe quel adversaire et � contr�ler toute
situation englobant l��ventail des op�rations militaires.
3- William Kristol et Robert Kagan : Toward a Neo-Reaganite Foreign Policy
� Affaires �trang�res, juillet/ao�t � Affaires �trang�res, juillet/ao�t 1996.
4- Giorgio Agamben, Homo Sacer (Paris 1997), sugg�re clairement que ce
nouvel ordre mondial s�appuie sur la (Paris 1997), sugg�re clairement que
ce nouvel ordre mondial s�appuie sur la souverainet�, soit le pouvoir de
d�clarer l��tat d�exception.

Conclusion : Pourquoi un BRussells Tribunal?

Il a fallu des ann�es avant que l�opposition � la guerre du Vietnam se
transforme en mouvement de masse. La situation actuelle est diff�rente.
M�me avant la guerre en Irak, l�invasion am�ricano-britannique �tait
mondialement rejet�e et condamn�e. La commission d�enqu�te � Bruxelles, et
partant le processus entier qui d�bouchera finalement sur le Tribunal
d�Istanbul, ne peut avoir pour unique objectif de porter le caract�re
ill�gal de cette guerre � l�attention du public. Cet argument a d�j� �t�
largement reconnu et d�battu. Quelle est d�s lors sa justification ?
Pourquoi cr�er ce tribunal ?

Parce qu�il est fondamental pour l�avenir du monde de r�sister � la
tendance de pr�senter la situation actuelle comme normale : or, c�est
exactement ce qui se passe et ce que l�administration Bush s�efforce de
faire.

Parce qu�il est essentiel de ne pas accepter le � fait accompli � en le
qualifiant de � Realpolitik �, contrairement aux propos de certains
d�cideurs et journalistes europ�ens.

Parce qu�il est important d�exprimer ce point de vue de mani�re explicite,
m�me s�il est d�j� bien connu de tous, et d�affi rmer haut et clair �c�est
un crime � et �c�est une violation du droit international �.

Parce qu�il faut garder espoir. Bien des gouvernements, y compris les
autorit�s belges, ont tendance � renoncer et � courber l��chine sous la
pression am�ricaine. Nous, la soci�t� civile, le peuple, nous devons
�lever la voix.

Parce qu�il faut d�fendre la dignit� humaine fondamentale, la justice et
surtout, la paix mondiale. La guerre en Irak n��tait qu�une �tape dans le
processus d�imposition de la � Pax Americana �, par le biais de guerres
multiples et simultan�es � car d�autres guerres suivront, � n�en point
douter. Plus forte sera la r�sistance d�s le d�part, plus nous aurons de
chances d�arr�ter cette mar�e imp�riale. Nous sommes au bord du gouffre.
L�administration Bush esp�re bien nous avoir � l�usure. Une capitulation
entra�nerait immanquablement un redoublement d�interventions fr�n�tiques,
capricieuses et agressives. Pensons donc au Trait� de Munich, qui a ouvert
la voie � la Seconde Guerre mondiale : voil� un pr�c�dent historique �
m�diter. Les interventionnistes les plus ardents ont d�j� mis au point une
kyrielle d�interventions pr�ventives : l�Iran, la Syrie, la Cor�e du Nord,
la Colombie, la Libye et m�me la Chine. L�arm�e am�ricaine ne se contente
pas de stationner, elle intervient aussi dans de nombreux pays du monde
(en Afghanistan ou au Kosovo, comme en Colombie et aux Philippines, etc.).

La Pax Americana est un nouvel ordre mondial mis au point dans l�int�r�t
d�une poign�e de corporations am�ricaines. Sous la banni�re de la �
d�mocratie � et de la � libert� �, la nouvelle �conomie mondiale est une
source de pauvret� pour beaucoup de pays du monde en d�veloppement. Elle
ne peut qu�entra�ner une r�sistance sans fin de la part des plus d�munis.

La Pax Americana ne vivra que de la discorde, et donc de la guerre. Afin
de mobiliser les forces politiques n�cessaires, l�administration Bush
attise toutes les tensions et contradictions possibles et imaginables :
l�opposition entre le monde occidental et l�Islam, entre la � nouvelle
Europe � et la � vieille Europe �, entre les diff�rents pays en
d�veloppement. Elle agit �galement � l�int�rieur des pays, en encourageant
des penchants comme le nationalisme, le tribalisme et le fanatisme.
L�administration Bush suit donc plus que jamais la devise imp�riale �
diviser pour r�gner �, et intensifie ou cr�e des conflits potentiels aux
quatre coins du monde.

Pour maintenir la � Pax Americana � et imposer sa � domination compl�te �,
l�administration Bush est en train de mettre au point une nouvelle
g�n�ration d�armes nucl�aires. Ces ogives seraient capables de trouer le
blindage des centres de commande ou des sites d�armement souterrains. Ce
projet menace de brouiller la distinction entre armes nucl�aires et
conventionnelles. Aux yeux des autorit�s am�ricaines, ces �armes
nucl�aires utilisables � r�tabliront la cr�dibilit� de la puissance
nucl�aire du pays. En cons�quence, le seuil nucl�aire sera revu � la
baisse et les risques d�un cauchemar nucl�aire iront croissants, plus
graves encore qu�aux pires moments de la Guerre froide.

Dans une courte d�claration destin�e � l�Initiative du Tribunal
international d�Istanbul, John Berger indique: �Il faut conserver les
documents, et par d�finition, les auteurs d�exactions, loin de les garder,
essaient de les d�truire : ils assassinent les innocents, ils assassinent
la m�moire.

Les preuves des crimes commis doivent alimenter l�opposition montante � la
nouvelle tyrannie mondiale. Les nouveaux tyrans, incomparablement
sur-arm�s, peuvent gagner n�importe quelle guerre, qu�elle soit militaire
ou �conomique. Or, ils sont en train de perdre la guerre (c�est ainsi
qu�ils la nomment) de la communication. Ils ne s�allient pas l�opinion
mondiale : de plus en plus de gens disent NON. Finalement, c�est ce qui
causera la perte de la tyrannie. Mais au bout de combien de trag�dies,
d�invasions et de catastrophes collat�rales encore ? Apr�s avoir fait
combien de pauvres en plus ? D�o� l�urgence de tout consigner, de se
souvenir, de r�unir les preuves, afi n que ces accusations deviennent
inoubliables et connues de tous, sur tous les continents. De plus en plus
de gens se mettront � dire NON, car telle est la condition incontournable
pour �tre en mesure de dire OUI � tous ce que nous sommes d�termin�s �
sauver, � tout ce que nous aimons. � John Berger, 18.06.2003, Paris -
Mieussy

Partant, nous concluons qu�il existe des raisons urgentes et suffi santes
pour tenir une audition contre cette nouvelle politique imp�riale
(puisqu�une action en justice a peu de chances de porter ses fruits) et
explorer � la fois la th�orie et la pratique de cette strat�gie. C�est
pour cette raison que nous avons choisi pour cible le � Projet sur un
nouveau si�cle am�ricain �. Nous sommes convaincus qu�il y va du devoir du
peuple de la plan�te Terre de s�insurger contre cette politique
dangereuse, immorale et en fait criminelle : � The People vs Total War
Incorporated�

Pour plus d�informations :

Contact : [email protected]
Lieven De Cauter
Patrick Deboosere


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                  C O N S T A N T
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