Meryem Marzouki on Wed, 28 Apr 2004 09:39:26 +0200 (CEST)


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[nettime-fr] LEN : la LDH et IRIS ont demandé aux groupes socialistes de l'Assemblée nationale et du Sénat de saisir le Conseil constitutionnel


Bonjour,

Pour info, communiqué et lettre conjointe d'IRIS et de la LDH demandant 
aux parlementaires socialistes de saisir le Conseil constitutionnel sur 
la LEN.

Meryem Marzouki, IRIS
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Meryem Marzouki - http://www.iris.sgdg.org
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294 rue de Charenton - 75012 Paris
Tel/Fax. +33(0)144749239

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LEN : la LDH et IRIS ont demandé aux groupes socialistes de l'Assemblée 
nationale et du Sénat de saisir le Conseil constitutionnel
Communiqué d'IRIS et de la LDH - 27 avril 2004
<http://www.iris.sgdg.org/info-debat/comm-ps-saisine0404.html>

La LDH et IRIS ont demandé aux groupes socialistes de l'Assemblée 
nationale et du Sénat de saisir le Conseil constitutionnel d'un recours 
à l'encontre de la loi pour la confiance dans l'économie numérique 
(LEN).

Les résultats de la Commission mixte paritaire, qui s'est réunie ce 27 
avril, entérinent les pires dispositions de cette loi, que la majorité 
du parlement s'apprête à adopter dans les jours qui viennent.

Contact IRIS : [email protected] - Tel/Fax : 0144749239

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Texte de la lettre conjointe IRIS et LDH :
<http://www.iris.sgdg.org/info-debat/lettre-ps-saisine0404.html>

Lettre ouverte adressée à Jean-Marc Ayrault, président du groupe 
socialiste à l'Assemblée nationale et Claude Estier, président du 
groupe socialiste au Sénat au sujet de la loi pour la confiance dans 
l'économie numérique
Lettre co-signée IRIS et LDH - rendue publique le 27 avril 2004

Monsieur le Président,

Le projet de loi pour la confiance dans l'économie numérique comprend, 
à l'issue de sa deuxième lecture par les deux assemblées, des 
dispositions qui limitent sérieusement l'exercice de leurs droits 
fondamentaux par les citoyens et, au-delà, qui portent atteinte, 
profondément et durablement, à l'état de droit.

Nous voulons attirer votre attention sur deux mesures particulièrement 
graves. La première établit une définition du courrier électronique qui 
rend discutable son assimilation à une correspondance. La seconde 
introduit un régime aménagé de responsabilité civile et pénale des 
intermédiaires techniques d'hébergement sur Internet, à condition que 
ceux-ci décident du caractère licite ou non d'un contenu stocké par 
leurs abonnés et, en conséquence, de sa censure, sans intervention de 
l'autorité judiciaire.

Le courrier électronique n'avait jusqu'alors jamais été explicitement 
défini, ce qui impliquait son assimilation sans conteste à une 
correspondance. Son caractère privé pouvait ainsi être établi, suivant 
les termes précis de la circulaire du 17 février 1988 (« Il y a 
correspondance privée lorsque le message est exclusivement destiné à 
une (ou plusieurs) personne, physique ou morale, déterminée et 
individualisée  conformément à la loi du 10 juillet 1991 relative au 
secret des correspondances émises par la voie des télécommunications 
et, plus généralement, à l'article 8 de la Convention européenne de 
sauvegarde des droits de l'Homme et des libertés fondamentales.

Dénier au courrier électronique son caractère de correspondance risque 
demain, d'entraver  la protection accordée jusqu'ici au secret des 
correspondances émises par la voie des communications électroniques, au 
risque que cela s'étende aux autres moyens de communication.

Les conditions de l'aménagement du régime de responsabilité civile et 
pénale des intermédiaires techniques d'hébergement sur Internet, pour 
opérationnelles qu'elles paraissent, ne doivent pas cacher l'essentiel  
elles constituent une délégation à une entité privée de l'autorité de 
juger. Saisi par une tierce partie d'une demande de suppression d'un 
contenu qu'elle considère illicite, le prestataire d'hébergement, en 
général une société commerciale, devra ainsi décider de lui-même s'il 
doit accéder à cette demande. Sous la menace de voir sa propre 
responsabilité civile ou pénale engagée, il ne sera guidé que par le 
souci de préserver son propre intérêt, et non les droits de l'auteur ou 
de l'éditeur du contenu concerné, pas plus que la liberté d'expression.

Le danger d'une telle mesure a été dénoncé par les plus de 13500 
personnes et les plus de 260 associations, syndicats, mouvements 
politiques et autres collectifs signataires de la pétition initiée par 
nos organisations. Ce danger est grand : atteinte aux libertés 
d'expression, d'information et de communication des citoyens  atteinte 
à la présomption d'innocence et au droit à un procès équitable de 
l'auteur ou éditeur du contenu qui sera censuré par une partie privée 
sans intervention judiciaire.

Nous sommes conscients de la volonté du législateur de lutter 
efficacement contre les infractions commises sur Internet et nous ne 
nions pas la réalité de telles infractions. Toutefois, nous ne pouvons 
consentir à ce que cet objectif fasse table rase des principes 
démocratiques qu'un état de droit doit respecter. Plus encore, nous ne 
pouvons ignorer que ces deux dispositions de la loi pour la confiance 
dans l'économie numérique, sur lesquelles nous avons voulu attirer 
votre attention ici, constituent un recul de plus dans la protection 
des droits fondamentaux. Après la loi sur la sécurité intérieure, après 
la loi sur l'adaptation des moyens de la justice aux évolutions de la 
criminalité, la loi sur la confiance dans l'économie numérique 
constitue une érosion supplémentaire de la protection de la vie privée 
et des pouvoirs de  l'autorité judiciaire.

Certains que vous partagez notre attachement au respect des droits 
fondamentaux, des libertés publiques et des principes démocratiques, 
nous vous demandons de saisir le Conseil constitutionnel de l'examen de 
la loi pour la confiance dans l'économie numérique, si elle était 
adoptée en l'état. Vous conviendrez qu'il serait inconcevable de ne pas 
permettre à la plus haute juridiction de rappeler, d'une part qu'elle a 
érigé le droit à la vie privée - et donc le secret de la correspondance 
privée - en principe constitutionnel, et d'autre part qu'elle a 
sanctionné, par une jurisprudence constante, la méconnaissance par le 
législateur de l'article 34 de la Constitution, selon lequel la loi 
fixe les règles concernant la détermination des crimes et délits ainsi 
que les peines qui leur sont applicables. Cela a notamment été le cas 
lorsque le Conseil a examiné des dispositions relatives au régime de 
responsabilité des intermédiaires techniques sur Internet.

Par la voix de leur Premier secrétaire, les Socialistes ont déclaré le 
20 mars 2004 qu'ils « procèderont à un réexamen complet de la LEN afin 
d'en supprimer les dispositions contraires à la liberté de 
communication  Nous comptons sur vous et sur tous les parlementaires, 
au-delà de ceux de votre groupe, qui se sont déjà associés à cette 
démarche, pour permettre au Conseil constitutionnel d'en effectuer un 
premier contrôle sans attendre.

Michel Tubiana			Meryem Marzouki
Président de la LDH		Présidente d'IRIS

Paris, le 23 avril 2004

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