Louise Desrenards on Tue, 28 Sep 2004 07:57:03 +0200 (CEST)


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[nettime-fr] (...) bière contre sang en République tchèque - cannibalisme et vampire.


Très intéressante ta citation de Borislav Pekic, virulente...

Du coup, je ne pense pas opportun de différer la présentation d'un vampire
qui nous concerne en propre, sinon nous n'aurions pas l'objet de nous
y attarder de façon compréhensive dans un moment ultérieur à de telles
coïncidences.

On prépare l'issue papier N°1 de criticalsecret avec un bon espoir qu'elle
puisse paraître à l'occasion du salon de la revue à Paris, en octobre, où
nous avons retenu une place, et si elle était encore chez l'imprimeur
(pas la place mais la revue), de toutes façons, nous en présenterions
l'apparition.

Thème anachronique - par rapport aux deux temps en ligne et en papier de la
revue :

- actualité du vampire.

C'était, en 1999-2000, l'idée de crédibiliser un vampire textuel de Mehdi
Belhaj Kacem par un environnement sensible pour l'éprouver de façon
multidisciplinaire.

Ce texte, je l'avais vu naître à partir d'une conférence
du philosophe Serge Margel au Fresnoy, dans le cadre du colloque
"Plasticité signe des temps" (déjà évoqué à plusieurs reprises)
proposé et organisé par Catherine Malabou et Erik Bullot
(actes sous la direction de Catherine Malabou aux éditions
Léo Scheer).

Ils étaient jeunes et beaux tous les deux, séducteurs rivaux...
L'intervention de magel était magistrale ; celle de Mehdi sur le poète,
hypothétique ; aussi, Mehdi entreprit-il plus tard de faire une relation
littéraire étrange du discours de Margel, l'imitant, se substituant
à la voix du conférencier en interférant alternativement
avec ses propres objets ; et ainsi, l'ayant fait progressivement
disparaître au long d'un texte, il triomphait restant seul, in fine.

Un texte prophétique par la spéculation de la voix effectuant la
disparition sans métaphore, contre la philosophie prédictive par
accumulation puis métonymie de la trace, dans la philosophie de Margel.

La question du style était cruciale, organiquement cruciale -
et plus que le sens rationaliste du discours, le développement
de son pouvoir.

J'avoue que Margel après avoir été saisi et
intéressé dans une perception ambigüe, tint
ensuite sa distance. Car il s'était mis en danger
comme auteur par la marque d'un autre auteur
- non la critique sinon le geste global - sur son texte.


    L'idée m'est alors venue que le plagia au-delà de la simulation était un
cannibalisme, comme tout l'univers transgenre, et cela sans attachement à la
valeur morale, puisque finalement on le trouvait réalisé à tous les effets,
qu'il s'agisse de politique, de société, de sciences, d'art, de médecine, de
santé, de biologie, d'organisation sociale ou même d'administration, qu'ils
fussent
dominants ou critiques.

Notamment le Queer en avait désigné le premier jet critique aux Etats-Unis,
culture métapolitique contre et en pleine montée des communautarismes et du
politically correct, événement de la périphérie comme singularité radicale,
zone des mutations et signe de l'accroissement de l'entropie
précisément urbaines, (du moins le Queer à ses débuts
d'indétermination communautaire).

Métapolitique : ce qui vient après les partis liés au développement
de l'économie politique... ce qui succède au monde politique de l'ère
technique industrielle.

Puis, je me suis dit que si Frankenstein avait signifié le mythe de la
création
attaché à la réalisation de l'univers cybernétique, sans faire tout à fait
l'impasse du fantôme - à imaginer que dans les dérèglements de la créature
se
représente la culpabilité prométhéenne de l'inventeur (nous verrons mieux
plus loin,
aux vertus du fantôme, ce qu'il peut représenter ici), alors, nous aurions
dépassé maintenant la création dans le vampire, par la contamination du
modèle.

Curieusement, s'il en allait des antécédents littéraires, c'était à l'issue
du romantisme autour de Lord Byron qu'étaient nées ces deux oeuvres
significatives du devenir de la modernité technique, au temps de
Charles Darwin, qui indiqua l'importance du milieu et de l'environnement
(y compris l'éducation comme facteur de développement de l'espèce),
d'où repartent partiellement ou globalement (selon les chercheurs)
les biologistes contre le réductionnisme, réhabilitant d'autre part
l'empirisme, aujourd'hui.


       En amont du vampire textuel de Mehdi se posait donc la question
du fantôme : Margel ne travaillait pas sur le vampire mais sur le fantôme
- disons, en phénoménologie : sur la trace, l'emprunte, comme phénomènes ;
le fantôme comme trace agissant secrètement en feed-back la matière
ou l'événement... Un concept matérialiste du fantôme,
avec le secret contenu en ellipse.

La grande différence politique, ou philosophique, entre les figures
du vampire et du fantôme, c'est la différence
du miroir critique - dans notre culture : le miroir dialectique de
la production -. La perte du miroir critique dans le
cas du vampire est évidente, si l'on peut dire, puisque le vampire
n'a pas de reflet dans les miroirs.

C'est une figure de la perte et de l'entropie en temps réel : une figure
du temps et de l'existence en métamorphose, irréversible.

Au contraire, le lot du fantôme (sa "redevance" étant de hanter
les lieux), est une récurence de la mémoire y compris matérielle, une trace
anthropologique des choses laissées irrésolues ou des violences
imprescriptibles,
un questionnement sur la pertinence de l'avenir.

C'est la réalité représentative
à la fois de la trace et de son effet dynamique sur la longue durée.
La désignation du point extrême ou se joue le mal radical,
le moment réversible désigné possible, attendu.

Ces différences entre les deux figures sont importantes, elle changent tout
du niveau
philosophique et de la réalité du monde, selon qu'il fut ou est dévoilé sous
une figure ou sous l'autre.

Aussi, je n'étais pas d'accord avec Guy Lardreau, lorsqu'il me disait que le
vampire était un fantôme : une vision prédictive de leurs attributs
symboliques respectifs en parlait autrement en deça de la philosophie, dès
cet époque, à propos de la nôtre.



    Toutes parentés ontologiques mises à part, les différences entre le
fantôme et le vampire sont plus évidentes aujourd'hui ; ce serait un peu
la question de savoir si l'homme descend du singe ou pas, que celle de
savoir
si le vampire descend du fantôme ou pas, ou celle du big bang ou... des
galaxies
et des trous noirs et que sais-je du trou noir des concepts, en tous cas,
il faut croire que le symbolique revienne plus fort que tout,
car cette question n'est plus à l'ordre du jour, à l'horizon de l'événement
incontestable de la réalisation du vampire, dans tous les domaines
accessibles
à nos représentations actuelles.



    Margel a travaillé avec des physiciens des particules sur l'idée du
fantôme,
dans une récurence des philosophies modernes notamment Kant depuis le XVIIIè
siècle mais en progrès de la phénoménologie actuelle ; dans l'invention
de sa méthode équivalente à ses concepts, il est aussi génial que Mehdi
qui s'en passe pour passer à l'acte même - diraient les psychanalystes
depuis l'imaginaire au réel - s'agissant du passage à l'acte vampirique
comme engagement en litérature.

Le philosophe au contraire du poète étant
Derridien, l'idée du dévoiement exclusif de la trace dans une transmutation
(j'utilise volontairement ce mot emprunté à l'alchimie, qui indique un
changement
de qualité respective, pour l'opposer à l'idée de transformation par la
contamination, qui détruit la qualité qu'elle atteint), dans un déplacement
du concept et du raisonnement déconstructivistes vers la matière, et sans
les contredire, pouvait naître plus facilement qu'en Mehdi l'accomplissement
de la dévoration du fantôme (du discours d'une philosophie du fantôme et
donc de la trace et de la mémoire actives), par le vampire : lui, par
l'effet
d'une intuition fulgurante réalisée sans délai, la jeunesse scellant la
conscience d'un autre temps - en lui règlant son compte.

L'autre, voulant dépasser son maître sans le dénier.

L'idée de Mehdi était d'avoir le dernier mot en tant que poète dominant le
philosophe qui l'avait menacé de sa performance. Maintenant, devant tant
d'incompréhension et d'adversité malgré son succès d'estime dans les milieux
électifs, Mehdi s'est plongé dans l'océan philosophique pour ne plus être
araisonné et pour pouvoir dominer son discours face à la critique ; prédire
que demain il redeviendra largement et d'autant plus puissant en poète
n'est pas hors de portée...

Pourquoi ce règlement de compte relevant de l'honneur ancestral d'un
samouraï ?

Dans l'intervention préalable au vampire, Mehdi, au même séminaire que
Margel,
avait proposé une hypothèse fondée sur un joke d'intellectuels, que l'on
retrouve
dans un chapitre de "l'Esthétique du chaos" sous "l'intercept" :
Hölderlin, sublîme poète et penseur à la fois, visionnaire, avait pour ami
Hegel
lequel, s'étant lui-même essayé à la poésie et n'y ayant pas régné
en maître sur le poète ami qui le défiait de son génie, avait intégré
la philosophie où il pouvait pour sa part exceller, puis disant que la
philosophie araisonnerait tout l'univers de la pensée, y compris la poésie.
En quoi il aurait rendu fou Hölderlin.

Disons que la vocation de Mehdi fut la revanche du poète et
devrait-il passer par l'intégration vraie de la philosophie tel
qu'actuellement - non simulée/interférente, comme dans son texte "enquête
sur la pénoménologie du vampire" à propos du discours de Margel. C'est en
tous cas une de mes raisons personnelles de suivre son travail, même si je
n'ai plus guère l'occasion de le voir lui-même...


    Il ne s'agira pas précisément de l'actualité immédiate dans notre revue
papier, car le numéro 1 en ligne constitue le fondement éditorial
(accru d'une matière récente)... pourtant, il aura fallu quatre ans pour
que cette idée déjà évidente à l'époque finisse par apparaître pertinente
aux
yeux de la plupart, alors qu'on me disait cette idée thématique
métaphoriquement
tirée par les cheveux... comme jouant à annoncer la réalisation du vampire
dans
tous les champs. Et qui j'étais pour oser le dire ?

Maintenant, tous et même la liste Multitudes, sachant peut-être ce que nous
préparons (comme plusieurs auteurs que nous publierons s'y trouvent
de façon quasiment instituée), l'évoquent ou évoquent des
références ou des textes d'ailleurs, même antérieurs, qui ne furent pas
remarqués à ce point, en leur temps.

De la même façon, le cannibalisme, c'est aussi le grand thème actuel de
Jean Baudrillard - une des réalités surgies d'Abu Ghraïb qui président à son
dernier livre paru cette année chez Galilée : "Le pacte de lucidité
ou l'intelligence du mal".

Le Brésil de Lulla, et les idées du réseau qui l'environnent au plus proche
ou au plus lointain, nous valent encore le rappel de la théorie cannibale du
"Manifeste anthropophage" de Oswald de Andrade, 1928, São Paulo.

Ce fut aussi et avant tout une théorie d'avant-garde Brésilienne, une
théorie
radicale de la culture métisse écrite par un métisse, qui donna lieu à un
mouvement important et représentatif non seulement des arts mais de la
culture en ce vaste pays jusqu'à nos jours, et que Glissant et la pensée de
la créolité
n'ignorent évidemment pas ; manifeste que l'on ne pourrait davantage ignorer
à présent que l'idée fait son chemin à l'épreuve des faits, car elle
ne peut manquer d'être active par là-bas comme ici, quant on sait sa
teneur.

Et d'ailleurs, la question de cette inspiration
fut posée par une Brésilienne à Baudrillard après sa conférence, à
l'occasion de la
présentation de son ouvrage qui eut lieu dans le cadre des rendez-vous de
l'imaginaire, de Michel Maffesoli, cette année à l'espace Ricard.

Bien sûr, Baudrillard qui connaît bien le Brésil a répondu positivement,
quoique distinguant en quoi il s'en était également écarté.

Mais on voit bien par où tout cela s'est écoulé... dont encore et toujours
les surréalistes (Picabia avait illustré la revue qui s'intitulait
"cannibale"), les situs etc :
http://www.google.fr/search?hl=fr&ie=UTF-8&q=avant-gardes+%3B+la+th%C3%A9orie+cannibale&btnG=Rechercher&meta=

Que cela nous revienne de toute parts et de plus en pamphlet ou en figure
tutélaire critique, décapante voir violente, depuis les pays de l'Europe de
l'Est, anciens pays des avant-gardes des années 20 à 40, en même temps que
berceau géo-topologique des légendes attachées au vampire,
ne doit pas nous étonner.

En d'autre temps, D.H. Lawrence, Bataille, Burroughs, donnaient une
interprétation
occidentale de l'entropie et de l'excédent à travers les représentations du
temps,
du soleil, du sacrifice, du potlatch, dans les traditions amerindiennes.

Aujourd'hui, nous sommes loin des avant-gardes stimulantes sur de tels
sujets,
car les réapparitions auxquelles nous sommes confrontés n'en désignent pas
la
répétition, bien au contraire, l'engagement en temps réel de l'environnement
qui les déborde. La figure de l'entropie se réalise par le vampire
matérialiste.

Si j'ose : nous sommes loin de la critique sociale et culturelle
au temps des avant-gardes sous ces fédérations, car le cannibalisme serait
devenu le mode de résolution général du monde, au service de sa gestion
loin de l'économie politique des biens de la production des personnes et
de la société et de leurs différences.

Note perso : je pense que tous les temps sont présents à la fois dans une
complexité sous-jacente et active des apparences actuelles, pas de
spécialisation du vampire sinon qu'étant plus fort que tout, reste la
singularité et l'aléatoire, et il reste enfin
que la configuration du vampire, tout de même étende son mode et se
conversions
de façon inquiétante - mais aussi se réalise en créolité... ce qui n'est pas
négatif.

Reste donc, si Frankenstein fut aussi une figure prophétique,
malencontreuse,
de l'autonomie inhumaine des systèmes, celle du vampyre duelle mais non
dialectique,
soit autrement plus complexe...

Louise.




----- Original Message ----- 
From: "Samuel Autexier" <[email protected]>
To: "Louise Desrenards" <[email protected]>;
<[email protected]>
Sent: Monday, September 27, 2004 11:32 AM
Subject: Re: [nettime-fr] bière contre sang en Républiquetchèque


Un court extrait d'un livre de Borislav Pekic publié par Agone où il parle
du cannibalisme comme système politique...

--
La solution que j¹ai l¹honneur de proposer à l¹assemblée ici réunie a
l¹avantage de tenir compte à la fois de nos instincts naturels et de notre
besoin bourgeois de formalisme et de logiqueS Bref, messieurs, je prône le
cannibalisme, l¹anthropophagie promue au rang de système politique idéal,
car c¹est elle qui affranchira définitivement nos vies de toutes les
divisions artificielles qui opposent les blancs aux noirs, les pauvres aux
riches, les gens de gauche aux gens de droite, les malades aux bien
portants, les niais à ceux qui se targuent d¹être intelligents, ne
conservant, éventuellement, que celle entre les gros et les maigres, car
c¹est la seule qui ait un intérêt pratique. Les raisons de la supériorité de
cet ordre social sont évidentesS Où s¹en va Philippe ? Il n¹arrête pas de
nous seriner qu¹il est nécessaire de faire régner la justice et lorsqu¹on la
lui offre sur un plateau, il prend la fuiteS Léonide, lui, reste là. Pardi.
Il n¹est pas doctrinaire, mais ouvert à toutes les possibilités. Il prouve
ainsi qu¹il est bien un intellectuel. Seuls les intellectuels ont ce
penchant raffiné pour les solutions odieusesS En premier lieu, le
cannibalisme se fonde sur l¹instinct naturel visant à la préservation de
l¹espèce. Il présente les mêmes avantages pour tout le monde, sans
distinction de race, de religion, de sexe, de classe ou de convictions. Il
abolit toutes les différences artificielles. Les riches et les pauvres, les
benêts et les grosses têtes, les chanceux et les malchanceux, les jeunes et
les vieux, les bien portants et les malades ne se distinguent plus que par
le fait que les uns seront mangés et que les autres mangeront, jusqu¹au jour
où ils seront mangés à leur tour. À la différence du marxisme dialectique ou
du parlementarisme anglais, le cannibalisme est accessible à l¹entendement
de tous. Il résout de manière exclusive le problème du surpeuplement, que
l¹on résorbait jusqu¹à présent au moyen de guerres coûtant très cher.
Dorénavant, si l¹on en fait encore, ce ne sera plus que pour assurer
l¹approvisionnement en denrées fraîches. On guerroiera comme les animaux
chassent. Selon la convention de La Haye que l¹on aura modifiée, les
prisonniers seront mangés, dans le respect de tous leurs autres droits, il
va de soi. Les officiers, cependant, ne sauraient, pour servir de pitance à
la communauté, être cuits dans le même chaudron que les simples soldats. Si
l¹on tient compte de la hiérarchie, les autorités militaires ne pourront,
selon moi, opposer d¹objectionsS Sur le plan pratique, enfin, le
cannibalisme est facile à instaurer. Avec l¹aide d¹un appareil de propagande
ad hoc, il suffira d¹un petit groupe de militants bien déterminés pour
l¹imposer sans faire couler la moindre goutte de sang. Ainsi sera écartée la
seule raison sérieuse pour laquelle l¹Église, les cercles humanistes et les
associations caritatives pourraient trouver à redire. Je pense que même la
bourgeoisie s¹en accommodera à la condition qu¹ont ait supprimé tout danger
de révolution sociale. Les ouvriers seront séduits par l¹opportunité qui
leur sera offerte de bouffer du bourgeois. Le fait qu¹on puisse instaurer ce
régime sans toucher aux institutions parlementaires lui vaudra le soutien de
tous les démocrates sincères. Même Antoine ne saurait rien reprocher à un
gouvernement cannibale régulièrement élu. L¹idée enthousiasmerait Théodore,
parce qu¹elle est radicale et se fonde sur la satisfaction des besoins
primaires de la population. Sous ce régime, chacun trouvera son compte. On
ne pourrait en dire autant des autres systèmes. Correctement informés des
avantages qu¹ils peuvent en tirer, les électeurs éliront sans problème le
premier gouvernement cannibale, qui commencera son mandat en dévorant
l¹opposition lors d¹un grand banquet inaugural. Bien sûr, cela sous-entendra
un remaniement complet de la constitution. L¹article premier pourrait
stipuler désormais : « Tout citoyen a le droit inaliénable de manger ses
concitoyens ». Le droit s¹en trouvera sensiblement simplifié. Le code civil
ne sera plus guère qu¹un recueil de conseils d¹hygiène alimentaire. Les
bureaucrates seront remplacés par les fonctionnaires des abattoirs
nationaux. De nombreux problèmes dont souffre chroniquement notre société
disparaîtront. Il deviendra superflu de se soucier des caisses de retraite.
Toute personne mise à la retraite passera aussitôt dans le garde-manger de
la communauté. Il n¹y aura plus de malades. Eux aussi seront mangés, sauf
s¹ils sont contagieux. Imaginez quelle économie cela représentera pour la
sécurité sociale ! Je suppose que l¹on modifiera aussi le système monétaire.
L¹être humain deviendra une sorte d¹unité de paiement. De ce fait, le
capitalisme sera condamné. Et cela mettra un terme à nos discussions
oiseuses sur les possibilités et les limites de l¹artS L¹art se meurt parce
qu¹il n¹a plus d¹objet vers lequel se tourner. Tout a été déjà décrit,
peint, chanté. Les arts nouveaux ne naissent que dans des situations
nouvelles. Dans un état cannibale, la littérature trouvera un nouvel élan.
Les romans historiques décriront les tentatives de coup d¹état fomentées par
des conservateurs fanatiques. Les romans psychologiques traiteront des
complexes affectant les citoyens qui, pour une raison ou une autre,
éprouvent une répulsion pour la chair humaine. Les romans d¹amour se
termineront par des scènes scène où les amants s¹entre-dévoreront. Dans le
domaine des passions, on ne saurait de toutes façons faire mieux que les
scorpionsS

Borislav Pekic

Extrait de "Les Spéculations de Kyr-Siméon",
tome 2 de "La Toison d'or" de Borislav Pekic, Agone 2003.
http://www.atheles.org/agone/lesspeculationsdekyrsimeon
http://marginales.free.fr

A noter que le tome 3 vient de sortir en librairie !

> Et maintenant la grande braderie des peuples européens... et il appelle ça
> "les multitudes" ?
>
> Je crois que le pire ce sont les prélèvements osseux, mais si c'est pour
le
> commerce des organes européen ou mondial, de toutes façons autant dire la
> qualité de tels tissus pris sur des corps alcooliques.
>
> Cet info fait mal à tout : du prélevé au greffé...
>
> C'est le temps réalisé des vampires.
>
> ----- Original Message -----
> From: "François Breux" <[email protected]>
> To: <[email protected]>
> Sent: Saturday, September 25, 2004 6:45 PM
> Subject: RE: [nettime-fr] bière contre sang en Républiquetchèque
>
>
>> Les Tchèques appelés à donner leur sang contre deux demis de bière
>>
>> PRAGUE (AFP) - Champions du monde de consommation de bière, les Tchèques
>> sont appelés à concilier l'utile à l'agréable à partir de vendredi: en
>> échange d'un don sanguin, ils auront droit à deux bières gratuites.
>>
>> Baptisée "Bière contre sang", l'opération démarre à Prague dans le cadre
>> d'une fête populaire consacrée à St-Venceslas, saint patron du pays. Son
>> objectif est de recruter de nouveaux donneurs réguliers de sang et aussi
> de
>> tissu osseux, a indiqué l'auteur de l'initiative Jaroslav Novak,
> responsable
>> d'un magazine consacré à la boisson mousseuse.
>> Un poste a été spécialement aménagé sur les lieux de la fête, avec quatre
>> lits. Les donneurs seront immédiatement récompensés de deux bocks de
bière
>> d'un demi-litre, la mesure habituelle pour les Tchèques.
>> L'opération doit être ensuite étendue à d'autres villes du pays, a
précisé
>> Jaroslav Novak.
>> En République tchèque, un habitant avale en moyenne 162 litres de bière
> par
>> an.
>>
>> _________________________________________________________________
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