David Christoffel on Wed, 6 Oct 2004 01:03:12 +0200 (CEST) |
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RE: [nettime-fr] Bye Bye Avedon... |
Chers tous,
Il ne vous a pas �chapp� que Richard Avedon est mort un mois avant les
�lections et qu'il n'arrive qu'aux grands hommes d'avoir de la suspension
dans le dernier souffle et beaucoup d'esprit jusque dans la mani�re et le
moment de mourir (en plein projet 'On Democracy'). Mais, apr�s Moma et 81
ans, on d�conne pas avec les valeurs s�res ! Et cette obsc�nit� n'est sans
doute pas si importante que �a dans la mesure o�, justement, celui-l� savait
mieux que personne ce qu'�tait l'�clat des grands dans leurs singularit�s
(on ne retiendra jamais, de ce point de vue l�, qu'un name-dropping allant
de Chaplin-Monroe � Moore-Morrison, avec Cousteau-Bj�rk entre les deux).
C'est qu'Avedon inspirait une in�galable �quivalence du c�l�bre face au
c�l�bre et avec une force d'�vidence d�calqu�e jusqu'aux grands hommes
invisibles, puisque l'AFP d�signe "par exemple les orphelins de Danang,
pendant la guerre du Vietnam".
Encore lundi dernier (27 sept.), une photo de Richard Avedon paraissait en
pleine page dans le New Yorker, l'AFP est formelle : "c'�tait Teresa Kerry,
l�ger sourire et chemise blanche, saisie en toute simplicit�, sur fond
blanc, comme l'affectionnait Avedon."
Je voulais seulement vous partager mon effroi de voir l'image sociale du
faiseur d'images photographiques se d�praver dans un bon go�t
on-ne-peut-plus ind�cent �tant donn�es les pr�tentions qui l'accompagnent.
Sur www.richardavedon.com, on peut lire une postface d'Avedon au "Journal
d'un si�cle" de Jacques Henri Lartigue. Il v�n�re les poires comme culs et
les dunes de sable comme seins. A ce que j'ai compris, il honore Lartigue
pour s'�tre empar� de quelques techniques comme le film ultra-rapide qui
pouvait avoir tendance � �tre accapar� par la photographie sportive. Il
ajoute que cela ressemblait � un consensus non-dit des artistes-photographes
de ne pas toucher � ce qui pourrait les assimiler � l'illustration et trop
les �loigner de la peinture. Ce que je ne comprends vraiment pas, c'est
comment en arriver � honorer des effets trompe-l'oeil l� o� il s'agit de
s'en remettre � de ces techniques qui devraient permettre � l'assimilation
poires-culs ou dunes-seins de faire autre chose qu'un jeu de l'ambassadeur
pour cocottes toujours pr�tes � pouffer.
Maintenant qu'il est mort, m�me s'il est sans doute parmi d'autres, il
pourrait devenir "celui qui" a dit que la technique ne se donnait pas aux
ambitieux. Et c'est encore plus subtile, Avedon �tait marqu� par
l'exactitude des dessins que Lartigue faisait de ses photos de peur de les
perdre au moment (alors p�rilleux) du d�veloppement. Aussi, pour Avedon,
Lartigue n'est pas un journaliste parce qu'il n'y a pas de hasard dans ses
bonheurs de vue. Comme si la question �tait d'�tre, ou non, un journaliste.
Comme si Dieu n'�tait pas encore assez mort pour qu'on ne soit pas
irr�m�diablement �gaux devant la platitude de l'�v�nementiel. Et Avedon ne
s'y est pas tromp�, il s'est tap� les lieux communs, il a lutt� contre eux,
il a sacrifi� sa vie... comme tout le monde Mais, quant aux petits dessins
de Lartigue, Avedon �tait captiv� par leur pr�cision en comparaison aux
photos qu'ils pr�-reconstituaient. En d�finitive, il honorait la capacit� de
Lartigue � se souvenir du moindre d�tail, il c�l�brait l'habilit� du
photographe � saisir l'instant pr�cis o� les choses ne sont tellement pas ce
qu'elles �taient juste avant, pr�sum�es plus fades alors que justement
rappel�es par le pointu du moment du petit oiseau.
En d�finitive, je crois qu'Avedon est encore dans le f�tichisme, que
Lartigue �tait pourtant au-dessus de �a et qu'il y a encore trop de petits
oiseaux qui vont sortir..
Bonnes continuations � tous,
david
-----Message d'origine-----
De : Louise Desrenards [mailto:[email protected]]
Envoy� : lundi 4 octobre 2004 09:44
� : [email protected]
Objet : [nettime-fr] Bye Bye Avedon...
Eve's temptation -to whom the fault? he?-))
(Autun, Fr)
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