Louise Desrenards on Wed, 6 Oct 2004 12:49:36 +0200 (CEST)


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[nettime-fr] CESARE BATTISTI : LETTRE DE CLAUDE MESPLEDE A BERTRAND DELANOE


CESARE BATTISTI : LETTRE DE CLAUDE MESPLEDE A BERTRAND DELANOE

par Claude Mesplede

Attentif � votre �lection comme maire de Paris, j'ai toujours appr�ci� votre
fa�on d'�tre, de dire et de faire, aussi votre sens de la d�mocratie, de ce
que je peux en percevoir depuis Toulouse o� je r�side et bien que je ne sois
pas adh�rent de votre parti. C'est pourquoi je suis d��u d'avoir d�couvert
dans le livre que vous venez de publier deux affirmations qui m'ont atterr�.
Comment l'homme avis� que vous �tes a-t-il pu les �crire sans en mesurer les
cons�quences.

Il s'agit de votre d�claration � propos de Battisti qui me touche d'autant
que je suis membre d'un comit� qui agit pour emp�cher son extradition et
pour que la parole donn�e par le pr�sident Mitterrand soit respect�e comme
elle n'a cess� de l'�tre pendant 18 ans.

Premi�re erreur dans votre livre : vous qualifiez Battisti de membre des
brigades rouges. Il appartenait au PAC (prol�taires arm�s pour le
communisme) un groupe d'une soixantaine de membres. Si ce groupe a commis
exactions et quatre homicides � la fin des ann�es 70, depuis, Battisti n'a
jamais fait l'apologie de la lutte arm�e, ni dans ses romans, ni dans ses
propos.

Au contraire, m�me s'il a mis quelques ann�es � le comprendre, il consid�re
cette voie comme une tragique erreur. C'est le message qu'il transmet aux
jeunes d'aujourd'hui.

Mais j'ai re�u le coup de gr�ce en lisant sous votre plume : � il est
vraiment regrettable qu'elle [la majorit� du conseil de Paris] ait exprim�
de la complaisance, voire de la sympathie pour son pass�. �.

Durant ces derniers mois, j'ai eu plusieurs rencontres avec des
repr�sentants de votre majorit� dans ses trois composantes (PS, PC et
verts). Je n'ai jamais ressenti chez mes interlocuteurs la moindre
complaisance, ni de la sympathie pour le pass� de l'accus�. Invit� � une
�mission de France Inter sur cette affaire, en mars dernier, o� j'�tais
oppos� � Max Gallo, mes premiers mots ont �t� pour condamner toute violence
arm�e d'o� qu'elle vienne.

Toutefois, sans approuver le pass� de l'accus�, je n'accepte pas davantage
que soit bafou�e la parole de la France alors que celle-ci a �t� respect�e
depuis 1985. Cette atteinte au droit d'asile, cette angoisse accablant des
dizaines de familles qui s'�taient construites � la suite des engagements de
la France, ce stress, ces douleurs, ces peurs ressentis par ces r�fugi�s, n'
�pargnent ni leurs conjoints, ni leurs enfants.

Tous ceux l� sont innocents et aucun ne devrait avoir � souffrir pour des
faits vieux de trente ans qui auraient d� �tre depuis longtemps amnisti�s
comme ils l'ont �t� pour tous les membres de l'extr�me droite italienne
malgr� les attentats aveugles commis.

Il est �vident que vous n'avez jamais envisag� l'innocence de l'accus�. Le
recueil � La v�rit� sur Cesare Battisti � r�dig� par Fred Vargas, que nous
vous avions adress�, r�v�le entre autres qu'il n'y a jamais eu aucun t�moin
pour l'accuser. Le seul accusateur (et ceci quelques ann�es apr�s les faits)
fut un ancien membre du groupe, arr�t� lui m�me pour homicide.

Ce � repenti � accepta facilement de tout coller sur son ex-copain. Ce
dernier, r�fugi� au Mexique, ignorait tout de son proc�s. Il d�couvrit sa
condamnation en 1991, en rentrant en France et croyant � une farce d�chira
le dossier.

R�cemment, Battisti a r�clam� un vrai proc�s en pr�sence d'observateurs. Il
est en effet troublant qu'on lui refuse ce qu'on accorde � des criminels de
guerre comme Milosevitch ou Sadam Hussein.

Par ailleurs, comment pouvez-vous trouver de la complaisance dans vos rangs
et ne rien dire � propos de l'attitude des juges de la cour d'appel qui, non
seulement ont d�jug� leurs pr�d�cesseurs en accordant une extradition vers
un pays dont la loi sur la contumace reste une anomalie en Europe, mais ont
aussi accept� de rejuger une affaire qui l'avait d�j� �t� une fois.

Vous ne dites pas non plus ce que vous avez ressenti en entendant, le
ministre Perben, en direct � la t�l�vision, annoncer son verdict la veille
du jugement alors que la plus extr�me discr�tion de sa part s'imposait.

Je suis donc d��u par vos petites phrases. Elles nous blessent de fa�on
personnelle m�me si nous ne sommes pas des �lus de votre majorit�. En
laissant entendre que certains d�fenseurs actifs de Battisti pratiquent une
sorte de double jeu, vous n'avez pas contribu� � clarifier la situation.

Je dirai m�me mieux, vous nous avez fait reculer ; je sais bien que vous ne
l'avez pas fait de fa�on d�lib�r�e, mais votre prise de position influence
du monde comme vous devez le savoir.

Si des personnes se sont comport�es de fa�on anormale, il fallait s'en
prendre � ces personnes plut�t que de jeter la suspicion sur tout un
mouvement qui n'a jamais fait l'apologie de la lutte arm�e.

Enfin, renseignez-vous davantage sur cette affaire car la majorit� de la
presse n'a vraiment pas �t� � la hauteur pour donner des points de vue qui
�clairent les faits, rien que les faits.

Salutations d��ues


De : CLAUDE MESPLEDE
mercredi 6 octobre 2004

http://bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=9902

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Il est possible d'�crire par mail � Bertrand Delanoe dans le site de la
mairie de Paris

http://www.paris.fr/FR/formulaires/ecrire_au_maire.asp



 
 
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