Alexandre Gurita on Mon, 1 May 2006 12:11:46 +0200 (CEST) |
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[nettime-fr] Faut-il brûler "La force de l?art" ? |
Faut-il brûler la force de l?art ? Grand Palais. La grande exposition de la scène française contemporaine voulue par le premier ministre va se tenir du 9 au 25 juin, sous la grande verrière récemment rénovée. Elle a déjà été surnommée « l?expo Villepin ». Ce qui, il y a - encore trois mois, - aurait pu en faire la belle manifestation voulue par un prince premier ministre protecteur des arts ne lui vaut plus que sourires en coin et propos perfides lors de vernissages. En octobre dernier, à la Foire internationale d?art contemporain (FIAC), Dominique de Villepin annonçait la tenue au Grand Palais, à Paris, sous la - magnifique verrière rénovée, de « La force de l?art », du 9 mai au 15 juin, définie comme « une grande exposition consacrée aux artistes français contemporains, afin de donner une nouvelle visibilité à la création française ». Première édition, de plus, de ce qui devrait devenir une triennale, une manifestation artistique à vocation internationale. une initiative liée au départ à des intérêts électoraux Le fait que cette annonce soit faite par le premier ministre et non par le ministre de la Culture prenait alors une pleine signification. Il s?agissait bien de la volonté d?un présidentiable potentiel de la droite d?imprimer sa marque à la France en attachant son nom, si ce n?est à des grands travaux, au moins à une grande expression du génie national ou des génies s?exprimant en France. Sauf erreur, l?annonce, à l?époque, n?avait pas provoqué de véritables remous. L?idée même de - redonner une forte place à la création française, ou plus largement, pour être précis, à la création qui se fait en France, et qui implique de nombreux artistes étrangers, n?apparaissait pas en soi scandaleuse. Ne serait-ce que dans la mesure où le marché de l?art, qui se fait pour l?essentiel à New York et Francfort, la sous-estime largement. Le fait du prince avait en revanche provoqué quelques grincements de dents, et d?abord en raison des délais pour la préparation d?une telle manifestation, q! ui apparaissait du même coup liée davantage à des préoccupations électorales qu?à un vrai souci artistique. D?où la défection des deux commissaires d?abord pressentis : Jean-Louis - Froment, ancien - directeur du Centre d?arts plastiques contemporain (CAPC) de Bordeaux, et - Catherine Millet, directrice de la revue Art Press, en raison des délais. Le choix était fait alors d?une construction collective avec quinze commissaires disposant chacun d?un espace de 400 mètres carrés, le tout chapeauté par un comité de réflexion auquel Catherine Millet acceptait de participer. Tous sont des professionnels reconnus quand bien même on peut s?étonner un brin de voir parmi les quinze commissaires l?artiste Xavier Veilhan, lequel disposera dans le même temps d?un espace à lui dévolu. Faut-il y voir pour autant l?expression d?un art officiel, rappelant l?expo Pompidou de 1972 où soixante-douze artistes avaient été réunis sur l?initiative du président de la République d?alors ? Ce n?est p! as le cas. Les choix des quinze commissaires n?apparaissent pa! s contes t ables et les deux cents artistes qui y participeront sont bel et bien représentatifs de la diversité de la scène artistique française, depuis les années soixante-dix à peu de chose près, quand bien même la liberté de choix des commissaires aboutit à ce que certains artistes se retrouvent dans plusieurs espaces alors que d?autres sont absents. Reste le cas de ceux qui ont refusé d?en être et la polémique par-là suscitée. C?est le cas entre autres de Gérard Fromanger, lequel a refusé selon ses termes « d?aller danser sur le volcan » et de cautionner un « coup médiatique ». D?autres, sans en faire état publiquement, auraient adopté cette même position. De fait, les arguments critiques ne manquent pas. D?abord le fait du prince, incontestable. La brièveté des délais. Ensuite, le caractère franco-français de l?exposition en contradiction avec la volonté affichée d?une grande manifestation de portée internationale. Enfin, la question de la pérennisation de l?initiative. S?agit-il d?un coup ou bien se donne-t-on les moyens d?installer dans la durée une véritable triennale à Paris, ce qui suppose un travail permanent et les moyens correspondants ? Sur la question, précisément, des moyens : le budget de la triennale, conçue comme une manifestation de prestige à usage politique, ne serait-il pas, par hasard, ce qui manquer! ait aux Fonds régionals d?art contemporain qui ont vu leurs moyens rognés ? La question de son financement futur reste intacte Autant de questions bien réelles. Paradoxalement, pourtant, l?opération, pour ce qui est des bénéfices qu?entendait sans doute aucun en tirer le premier ministre, a désormais fait long feu. Qui pourrait croire maintenant qu?une exposition d?art contemporain puisse sauver le soldat Villepin après la déroute du CPE ? Du coup « La force de l?art », en perdant sa vocation de coup médiatique, pourrait bien se trouver lavée de son péché originel pour devenir une vraie grande expo, laissant entières, il est vrai, les questions de son existence future et de son financement. Ce qui n?est pas rien. Du 9 mai au 25 juin 2006, tous les jours, sauf le mardi, de 12 heures à 20 heures, nef du Grand Palais, porte principale, avenue Winston-Churchill, Paris 8e. Métro Champs-Élysées - Clemenceau. Billet valable pour deux visites. Plein tarif : 7 euros. Tarif réduit : 5 euros. Maurice Ulrich http://www.humanite.fr/journal/2006-04-25/2006-04-25-828690 < n e t t i m e - f r > Liste francophone de politique, art et culture liés au Net Annonces et filtrage collectif de textes. <> Informations sur la liste : http://nettime.samizdat.net <> Archive complèves de la listes : http://amsterdam.nettime.org <> Votre abonnement : http://listes.samizdat.net/sympa/info/nettime-fr <> Contact humain : [email protected]