Ewen Chardronnet on Thu, 7 Dec 2006 15:07:03 +0100 (CET)
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[nettime-fr] Rencontre "Animisme Industriel" / 15-16 décembre 2006, Labomedia, Orléans
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RENCONTRE "ANIMISME INDUSTRIEL"
Pourquoi travaillons-nous à notre obsolescence ?
15-16 décembre 2006, Labomedia, Orléans
avec Christian Nold (UK), Spectral Investigations Collective (Bureau
d'études, Ellipse, Ghostlab), Maxence Layet (Criirem, auteur de
"L'Energie secrète de l'univers"), Labomedia et bien d'autres.
Présentation publique des deux jours : samedi 16 décembre de 15h à 20h
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L'objectif de ces rencontres et discussions de fin d'année est de faire
notre auto-critique pour nous qui baignons en permanence dans
l'information et les systèmes d'information, dans les machines, mais
également dans les régimes précarisés de la culture subventionnée. Cette
auto-critique n'est pas un relevé de lieux communs mais une
déconstruction de notre activité quotidienne en tant qu'ouvrier de la
société de l'information, des effets sociaux, cognitifs et
comportementaux qu'ils suscitent.
Vendredi, 10h-13h : atelier "RFID map" avec Christian Nold (UK)
Un projet qui cherche à en savoir plus sur l'identification par puces à
radio-fréquence (RFID), sur la cartographie sémantique et les logiciels
d'analyse de textes, et à développer des outils pour ressortir les
discours cachés qui imprègnent les flux d'information sur la RFID. En
anglais.
Christian Nold est un artiste anglais qui travaille notamment sur la
représentation des foules et dont le projet "biomapping" sur les mesures
de niveau de stress dans l'urbain, a été présenté au CCC de Tours en
octobre. L'invitation de Christian Nold à Orléans correspond à une
nouvelle étape dans son programme régional en 2006-2007 à l'invitation
de Bandits-Mages (Bourges), CCC (Tours), Ellipse (Tours) et Labomedia
(Orléans).
http://www.softhook.com
Vendredi, 15h-18h : atelier avec le SIC
Envoûtement et possession (asservissement et assujettissement) par les
machines : comment les machines que nous utilisons aspirent et se
nourrissent de l'énergie et de l'attention que nous leur portons.
Analyse de l'évolution ou de l'intensification de l'envoûtement. Aspects
cognitifs, sociaux, comportementaux. Nature hallucinatoire de la
technologie. Expérience privée sur ces sujets et mise en perspective
avec le développement de la société.
Samedi, 10h-13h :
Techniques et approches du désenvoûtement. Cercles de protection.
Invisibilité.
Samedi, 15h-17h : bilan public des discussions
Samedi 17h : présentation publique du projet "RFID map" et du "Affect
Browser" par Christian Nold
Samedi 18h : Pot et buffet
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Contact : Labomedia - 0238624831 - [email protected] - [email protected]
Cette rencontre est réalisée à l'initiative de Ellipse (37) et Labomedia
(41)
En partenariat avec Bandits-Mages (18), CCC (37), et RIXC (Lettonie)
Avec le soutien de la DRAC Centre, le Conseil Régional du Centre, de la
Ville d'Orléans et du programme Culture 2000 de l'UE "Waves" coorganisé
avec RIXC (Lettonie), Beoff (Suède). Okno (Belgique), Projekt Atol
(Slovénie), Tesla (Allemagne) et Ellipse (France).
http://www.labomedia.org
http://e-ngo.org
http://www.rixc.lv
http://ut.yt.t0.or.at
http://www.ghostlab.org
http://riirem.blogspirit.com
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Pourquoi travaillons-nous à notre obsolescence ?
sur l'envoûtement technologique et l'automatisation de la société
L'esthétique des données est au gouvernement par les systèmes
d'information ce que le portrait des Rois était à la monarchie.
Valoriser l'information, montrer son importance pour notre existence
est, en quelque sorte, un devoir d'allégeance. Quand l'information
traitée répond à l'impératif d'actualité, une soumission religieuse
s'ajoute à l'allégeance politique : le culte rendu à l'urgence du
présent (1).
L'actualité détermine une ligne de partage entre la nouveauté et
l'obsolescence. Le remplacement de l'obsolescence par la nouveauté est
le tempo de la marchandise. Elle produit à chaque instant les nouvelles
valeurs à la façon dont le cours d'une action varie selon la confiance
des actionnaires. Se tenir au courant et réstituer le plus clairement et
le plus intelligiblement l'information, en temps réel - autrement dit se
montrer bon croyant - telle est la foi pratiquée dans notre monde
médiatisé.
Or, on ne critique pas cette théologie politique de l'information par de
l'information (quelque soit sa portée critique). Un système
d'information n'est pas antagoniste, et les conflits d'information dont
il est l'habitacle sont des conflits de communication et non des mises
en question du système lui-même.
Un système d'information fonctionne donc d'une façon assez similaire à
un envoûtement efficace ou l'envoûté quel que soit ses pratiques ne sort
pas du système d'information tant qu'il ne s'est pas désenvoûté,
c'est-à-dire, tant qu'il ne s'est pas constitué un monde qui n'obéit pas
aux mêmes lois.
Cet envoûtement par les systèmes d'information ne s'effectue pas
seulement par l'information mais également par les machines et réseaux
par lesquelles elles circulent. De jour en jour notre dépendance à elles
se renforce et leur emprise sur nos avenirs possibles s'accroît.
Une technologie a particulièrement transformé les sociétés humaines
depuis 20 ans sans avoir donné lieu à aucun vote ni à aucun débat
politique : l'ordinateur en réseau. Il ne viendrait à l'esprit de
personne de contester la présence de ces machines logico-mathématiques
qui sont aujourd'hui aussi évidentes que notre alimentation. Nous
passons chacun facilement plusieurs heures devant un écran sans
interroger la façon dont cette activité affecte notre vie, notre
relation à nous-même, notre relation aux autres et le fonctionnement
général de la société.
D'un point de vue strictement socio-économique, la multiplication des
ordinateurs s'est traduite par une augmentation du chômage, de la
précarité et de la déshumanisation. La colonisation des industries par
les automates dans les usines de montage automobile, métallurgique ou
électroménager et l'augmentation des responsabilités machiniques -
planification, gestion de stocks, contrôle-commande de machines-outils -
plaça la machine comme collaborateur clé de la production. Pourtant, si
les entreprises ont accru leurs investissements dans les ordinateurs de
plus de 30% par an depuis le début des années 70, le taux de croissance
de la productivité a chuté de 2,85 par an entre 1947 et 1973 à environ
1,1% par an depuis 1973 (2). De nombreuses études ont échoué à trouver
la moindre corrélation entre les gains en productivité et les dépenses
en technologies de l'information. De même internet n'a pas augmenté la
productivité mais bien augmenté le temps de travail, la productivité
s'étant même ralentie depuis 1995. Si l'argument économique ne justifie
pas la multiplication des ordinateurs et de l'internet dans notre
environnement, on peut se demander quelles sont les forces qui ont
présidées à leur déploiement universel.
Le déploiement de l'ordinateur en réseau est aux avant-postes de
l'automatisation de la société. Les êtres vivants, traités comme des
systèmes d'information, tendent à être leurs appendices programmables à
distance. “Les données que le corps reçoit de sources externes –
électromagnétiques, vortex, ou ondes acoustiques puissantes - ou crée à
travers ses propres stimuli électriques ou chimiques, peuvent être
manipulées ou modifiées de la même façon que les données de n’importe
quel système matériel“ (3). Certains prophètes de la technoscience, tels
que Marvin Minsky (Intelligence Artificielle), Erix Drexler
(nanotechnologie) et Hans Moravec (robots), prédisent un monde dans
lequel le corps et le mental seront devenus obsolètes. Un monde dans
lequel une combinaison de technologies (qui envahissent notre corps) et
des techniques génétiques (qui pourraient modifier la définition de
l’être humain) conduirait à un monde post-humain.
Les tentatives de sortir de l'envoûtement technologique dans nos
sociétés sont moins nombreuses qu'on pourrait le supposer. Si on en
croît les forums citoyens et autres avatars de la technoscience
responsabilisée et de la contre-expertise, il s'agirait moins de sortir
de l'envoûtement que de le socialiser, autrement dit, de lui donner
toutes les chances de continuer sans fin… c'est-à-dire aussi, sans l'homme.
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NOTE 1 - “La fin de l'utopie a entrainé la sacralisation de l'urgence,
érigé celle-ci en catégorie centrale du politique. Ainsi, nos sociétés
prétendent que l'urgence des problèmes leur interdit de réfléchir à un
projet, alors que c'est l'absence totale de perspective qui les rend
esclaves de l'urgence. L'urgence ne constitue pas la première étape d'un
projet de sens: elle en représente plutôt la négation active."(Z.Laïdi,
Un monde privé de sens, Fayard, 1994, p. 29)
NOTE 2 - Jeff Madrick cité dans R. Harwood, Computers get credit for
more than they should, International Herald Tribune, 13 mai 1998
NOTE 3 - TIMOTHY L. THOMAS, The Mind Has No Firewall, Parameters, Spring
1998, pp. 84-92,
http://carlisle-www.army.mil/usawc/Parameters/98spring/thomas.htm).
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