Aliette Guibert-Certhoux on Mon, 25 Feb 2013 20:13:33 +0100 (CET)
|
[Date Prev] [Date Next] [Thread Prev] [Thread Next] [Date Index] [Thread Index]
[Nettime-fr] Visions d'avenir et faille de l'éthique
|
- To: "Version Francophone de nettime.org" <[email protected]>
- Subject: [Nettime-fr] Visions d'avenir et faille de l'éthique
- From: Aliette Guibert-Certhoux <[email protected]>
- Date: Mon, 25 Feb 2013 20:13:14 +0100
- Dkim-signature: v=1; a=rsa-sha256; c=relaxed/relaxed; d=gmail.com; s=20120113; h=mime-version:x-received:date:message-id:subject:from:to :content-type; bh=3LdOYjQ5dGGF6djSBy+TLLm2+1Q39tEMe82KXZbA3EA=; b=f9vobMLJ/xOvs7seuIF82KHwUA4+4yK+MlK/YvpZDezgBQnXMcXHJzV7ep2xP2U7Or 5Hiy+uiInL2l6iXyNha1+GIPJyfaQO7Cu/9qRMAMrFf5JiXacRFMhoMurusoO+z3Cd47 FeahcyF+Sox5NUKTbeIhtnnJr23+nWpV9BQhA0Hj83ae+RsZLMmUbfc7N3Y8nsg2O/4U c3b4v2AT9rd0z4MtV1UA2XQV/+J71dCFLq/sc7Pv24blI2B2eaJel2BSNEztxIsDShkV 6bSdXpsRXtlGkRltqpmc+VFKYuhehLJgK3M8H7a2pbGl9hm0hVxj5Z6mTDBAA2Y8ghlL vRvA==
- Reply-to: "Version Francophone de nettime.org" <[email protected]>
Je suis un peu saisie par ce que je découvre aux USA qui est en train de nous arriver sur la figure comme de toutes façons ils détiennent la clé globale et des lois de répression de la cybercriminalité qui relèvent de ceux qui ont mené les Rosenberg sur la chaise électrique, pendant que les français communistes ou entretenant des rapports démocratiques avec le parti communiste français ont du attendre la fin des années 60 pour avoir le droit d'obtenir un visa. Que le PCF ait participé en première ligne à la résistance et à la libération du pays et qu'ils ait gouverné avec de Gaulle après la Libération pour quelques unes de nos meilleures lois dont la sécurité sociale, n'a jamais créé d'état d'âme pour le gouvernement américain, pendant qu'il récupérait les scientifiques nazis pour participer à l'arme totale, même si alors la France n'était pas encore déliée de l'Alliance Atlantique.
Et là, pardonnez-moi mais j'en ai marre de traduire, que chacun s'y mette avec son google translate et son reverso et son linguee et son truc en plumes, etc. Quand on n'est pas débile avec quelque notions d'anglais on s'y retrouve et on sait voir les contresens dans les traducteurs automatiques disons, en principe (ou plutôt la plupart). Je suis absolument ahurie comme les français ont des comportements peu généreux en matière de travail pour le commun. Tout le monde suit le petit cursus de sa petite carrière privée, même si d'ailleurs elle est la plupart du temps en partie aux frais du contribuable que nous sommes, et donc là, s'il faut payer pour aller voir nous devrions donc payer deux fois.
C'est-à-dire il y a ceux qui donnent TOUJOURS bien qu'on les accable et on ne les partage pas au nom qu'ils aient un copyright -- ne s'agissant nous concernant que de la protection de l'édition des contenus et non d'un droit aux dépens des auteurs qui sont en réalité les maîtres de leur copryright par ailleurs en amont comme en aval. Et là forcément vous savez très bien que je parle de criticalsecret. Mais vous savez aussi très bien que je n'ai pas la compétence d'avoir mon propre serveur, donc je paye une location chez quelqu'un et assez lourde vu la nécessité de ma bande passante.
Donc il faut se détromper criticalsecret coûte de l'argent et sans parler des livres dont malgré le succès du Hacker je n'ai toujours pas dépassé les frais d'imprimeur (compte tenu des re-éditions) car tout ça est fait en France pur camembert, pour la défense du peu qui reste de notre activité artisanale et industrielle dans ces domaines... Bref : est-ce que ça m'empêche de partager gratuitement TOUT ce que nous faisons de TOUT ce que les artistes et auteurs et scientifiques ont offert gratuitement dans ce cadre ? Sauf les livres sous contrat d'édition avec les auteurs (et encore au début du lancement du Hacker j'ai envoyé sur toutes les listes l'intégrale de la version graphique d'imprimerie en pdf accessible pour tous dans notre site en téléchargement gratuit pendant une semaine.
NON, AU CONTRAIRE.
Par exemple on me sollicite pour participer à une résidence (bien sûr une résidence d'artiste ce n'est pas gratuit et il en faut pour que les artistes vivent) mais enfin on me demande d'exploiter gratuitement dans ce cadre Un Manifeste Hacker, dans la cible d'une machine à broyer le chocolat du "manifeste" sous tous les sujets et sous toutes ses formes, c'est-à-dire voulu ou non voulu mais de toutes façons dans l'alignement à expurger tout sens de ce format, quand il y a des types qui meurent pour s'opposer à une caution et des amendes de 4 millions de dollars et 35 ans de prison d'avoir écrit "guerilla open access manifesto" quelques années avant d'avoir vaincu avec d'autres la loi SOPA... mouliner du manifeste pour en faire de la purée ne me passionne pas. Je pense que les manifestes avant-gardistes n'ont plus de sens historique une fois passé le matérialisme historique. Mais les manifestes comme celui que je viens de citer ne sont pas des manifestes avant-gardistes. Je refuse donc ce genre de mélange quand il en mène certains à faire leur beurre et les autres à en crever.
Je vous signale que nous n'avons ici vaincu aucune de ces lois, nous nous les sommes toutes prises dans la tronche, et alors que le P2P n'est même pas encore interdit dans ce pays proche du néo-nazisme que sont devenus les USA nous, nous avons commencé par l'interdire tout de go.... Et je dis : NON. Pour la première fois je dis : NON. Je ne veux pas laisser le livre de Ken passer dans la machine à broyer le chocolat d'ailleurs il n'y aurait pas de mariée mise à nu sinon derechef consommée comme la petite Christine Angot se voyant attribuer -- faut le faire -- un prix Sade, que fort heureusement elle a refusé... Donc le sens revient (au moins ça).
Alors, il y en a qui commencent à refuser (je sais bien que les licences libres autorisent otut mais ce n'est pas à cet effet, c'est à l'effet que le déplacement d'un document de son cadre original, peut représenter divers changements nécessaires, format, recadrages, etc... et aussi d'être présentés dans le cadre de supports commerciaux qui sinon ne pourraient pas les citer, donc CC comme copyleft y autorisent à juste titre, et de toutes façons dès que la source est citée c'est bon pour tout le monde (encore que, surtout pour la licence si le nom de l'auteur ne circule pas en même temps). Stallman d'ailleurs, qui a lancé le premier copyleft, n'est pas radicalement contre le droit d'auteur. Là il faudrait entrer dans le détail. Je ne sais pas le faire, pas assez compétente sur les informations nécessaires, si Antoine est par là, il pourrait bien nous faire un petit rappel de toutes ces licences et de leurs différences, et pourquoi il est conseillé d'en prendre...
Indépendamment de cela beaucoup de choses ne sont pas sous ces licences et pourtant se partagent librement, mais tant dans le commerce que dans le libre accès on peut refuser l'exploitation de son travail gratuit par des gens qui gagnent leur vie en exploitant le travail gratuit des autres, alors qu'en temps normal ils ne s'intéressent même pas à citer des liens pour aider ces sites gratuits à être mieux vus.
Bref : je suis absolument écœurée, parce qu'en outre, ayant dit "non" sans agressivité mais en expliquant bien le cas du sens et donc la question symbolique, vu la rareté de ce que je fais c'est donc bien une raison à défendre que de pouvoir poursuivre d'exister, car non pas la rareté pour le faire coûter, mais la rareté en terme de sens vu les ressources rares elles-mêmes y compris l'argent pour le faire, voilà que les amis en réseau qui avaient favorisé ce contact ne me parlent plus.
De mieux en mieux, si je suis obligée de soutenir l'ami d'un ami sans respect du discernement de mes propres engagements éthiques, alors que perso je respecte celui des contributeurs ou non contributeurs auxquels je m'adresse, y compris mes amis, alors où allons-nous ?. Bon j'en veux à personne mais je trouve cela profondément triste. Par exemple j'ai des amis qui divorcent et cela devrait m'interdire de garder une relation amicale avec l'un d'entre eux ? NON. Je ne suis jamais tombée dans ce panneau sauf à juste évaluation personnelle de ne plus en voir un.
Ainsi on s'isole. Non seulement j'ai du mal à poursuivre ce que je fais qui ne m'a pas rendue sympathique aux institutions de financement de la culture car je travaille en dehors d'elles et en les courtise pas, (après un seul dossier et la façon dont il a été écarté j'ai tout de suite compris, que je ne devrais pas perdre de temps à essayer de recommencer)... Mais en outre voilà que dans notre propre réseau la contamination du système d'entraide d'intérêt vient brouiller un grand respect d'autrui, de sa différence, et de l'intérêt de parler avec lui -- pas seulement quand il vous regarde pour flatter votre narcissisme.
Je reviens sur la question du droit d'auteur pour montrer où s'il est important pour les artistes il peut aussi les empêcher, et je reviens donc sur un moment où j'organisais des petite soirées une fois tous les deux mois au Batofar. Je n'ai pas arrêté parce que ça n'avait pas de succès, ni parce que le Batofar ne voulut pas reconduire les soirées de criticalsecret l'année suivant cette première mais parce que la SACEM et la SCAM sont passées pour demander que le Batofar règle un forfait de droits d'auteur pour mes soirées, alors que le Batofar nous prêtait gratuitement le lieu ses équipements et sa maintenance, que l'entrée était d'abord gratuite, et que tous y concouraient gratuitement pour criticalsecret -- et moi aussi, je sollicitais les artistes en leur proposant un vague thème, puis je communiquais l'événement et j'offrais le pot à chaque issue.
Le Batofar s'est alors mis à faire payer l'entrée : j'ai refusé que cela se poursuive ; en outre, il ne fallait pas rêver, ce n'était pas le nombre d'entrées qui allait pouvoir être redistribué aux artistes une fois payé le forfait des droits d'auteur. Alors ils m'ont demandé dans ce cas de payer moi-même ce forfait. J'ai également refusé - d'accord avec les participants. C'était un cas de cessation d'activité sinon le Batofar encourait des poursuites. Une grande compositrice de musique contemporaine m'a alors dit que c'était dommage d'arrêter car ce qui se passait là était expérimental et donc intéressant comme un petit galop d'essai de certains choix pour les artistes, à éprouver d'abord avec un public restreint, et qu'elle en tant qu'artiste proposait de payer elle-même sa part de ce forfait : j'hallucinais, non seulement j'étais bouleversée de l'intérêt qu'elle m'accordait mais en même temps choquée que non seulement les artistes aillent payer les droits d'auteur quand en outre ils venaient se produire gratuitement. Ainsi les petites séances bi-mensuelles du Batofar ont-elles cessé. Voilà à peu près l'état d'une castration du génie public des échanges culturels entre citoyens... d'autant plus que cela ne concernait pas de larges masses vu la dimension des lieux qui n'étaient pas remplis à chaque fois.
Cela c'était pour montrer les différents niveaux de répression sociaux à travers les moyens pratiques les plus softs, je veux dire quelques pressions qui ont pour conséquence, de fait, la récession des libertés. C'est à dire qu'il faudrait codifier TOUS nos comportements créatifs y compris nos échanges sociaux. Je veux dire trouver normal que les artistes qui veulent toucher des droits ne se produisent pas gratuitement, mais anormal que ceux qui veulent se produire gratuitement à partir du moment où ils sont sur ces registres ne le puissent pas, même pas une ou deux fois -- c'est à dire rarement -- par an, sauf s'il existe une institution pour les payer à leur place.
L'argent public doit retourner au public, il est anormal que des artistes financés par des associations publiques ne puissent pas disposer de leur propre corps pour se produire en public gratuitement en dehors de leurs contrats s'ils le veulent de temps en temps. Et je dirai même anormal que nous devions payer deux fois : une fois par les impôts et les taxes, et une fois pour entrer ou pour voir.
Maintenant je reviens au cas des USA quelque chose de terrible nous attend car aujourd'hui nous avons réintégré l'OTAN, trois cent cinquante agents secrets ont été informés à la Presse par le Pentagone comme ayant été envoyés également répartis au Mali et en France -- j'ai bien dit en France (vous vous souvenez des agents secrets de Extraordinary Rendition que nous avions refusés sur notre sol au temps de Chirac ? Et bien les voici dans le cadre d'un nouveau programme délirant). Les drones prédateurs sont entrés dans les combats au Mali et maintenant au Niger -- où grace aux français les américains ont enfin pu justifier l'installation de leur base de drones sur l'Afrique au nord de l'Equateur... et pendant ce temps il y a différentes positions à propos de Internet, certaines optimistes (Aaron Swartz), et d'autres qui le sont beaucoup moins (Appelbaum -- il faut dire qu'elles ne concernent pas que le droit d'auteur dans ce cas), et d'autres qui proposent de bâtir un nouveau cadre -- mais qui supposerait de toutes façons la démocratie pour pouvoir être bâti (Auber, qui a été critiqué d'ailleurs sur Nettyime-l).
Je récapitule mais alors vraiment que ceux qui peuvent concourir à traduire ou à retranscrire ne se privent pas de le faire :
- - - - -
-- Aaron Swartz (vous savez ce n'est pas qu'il a des tics mais qu'il a du mal à supporter ses verres de contact - sic -), l'optimisme collectif :
http://vimeo.com/57539840
- - - - - -
-- Jacob Appelbaum
http://youtu.be/QNsePZj_Yks
L'exposé d'ouverture du 29e congrès du CCC à noël dernier il lui est arrivé pas mal de trucs depuis (dans Democracy Now! vous avez au moins a retranscription des vidéos en bas de la page, c'est précieux)
http://www.democracynow.org/2013/2/5/court_govt_can_secretly_obtain_email (2 février 2013)
précisément ça s'est passé juste après le suicide de Swartz
http://www.democracynow.org/blog/2013/2/6/part_2_daniel_ellsberg_and_jacob_appelbaum_on_the_ndaa_wikileaks_and_unconstitutional_surveillance (ici avec Daniel Ellsberg qui soutient Wikileaks - 6 février 2013 : pour eux il est clair que le maintien du Patriot Act a installé les USA dans une dictature où les droits civiques constitutionnels sont prescrits) or CISPA est l'extension du Patriot Act à Internet dedans et dehors.
Leave you phone at home
http://nplusonemag.com/leave-your-cellphone-at-home (avril 2012)
Vous remarquerez que Appelbaum cite souvent riseup qu'il crédite éthiquement (même s'il doit d'ailleurs payer une contribution).
Et là je repense à SUN - confiance -- et lui fais encore des excuses;-) (aparté).
Donc résumons-nous : que peut-on faire pour notre sécurité personnelle quand il se trouve possible de constater déjà qu'on a temporairement des écoutes téléphoniques (en plus du traçage commercial) -- sans fondement activiste concret, juste selon certains mots-clé ou numéros appelés ? Oui, ici même en France.
- - - - -
Là proposition de Auber (qui suppose donc l'existence toujours ouvrable de la démocratie pour pouvoir s'engager concrètement) :
http://www.youtube.com/watch?v=wmD2WOQI8qU
Le texte
http://perspective-numerique.net/wakka.php?wiki=SymetrieEtNeutralite2
Tout cela mériterait débat non ?
Où commence la sécurité militaire (ce sont les militaires qui tiennent la clé du web on le sait) quand il s'agit du droit d'auteur ? Et bien pourtant... c'est exactement la même surveillance qui est activés. Où commence Internet par rapport au téléphone, et vice versa ? etc.
= = = = = = = = = = =
Conclusions :
1.
Sur la mort d'Aaron Swartz, les premiers effets positifs (mais nous n'en somme pas à la modification des lois liberticides, juste de la remise en lisse de l'open access du bien public et là en France nous nous retrouvons soudain largement là la traîne pas seulement avec le problème de la BNF actuel, mais avec l'étanchéité -- l'absence de publication en ligne -- des documents universitaires professoraux ou étudiants. C'est curieux comme l'influence des Etats-Unis en France n'est jamais dans le sens de l'ouverture des droits mais des répressions...
https://www.eff.org/deeplinks/2013/02/white-house-open-access-memo-strong-could-be-stronger
(vous avez le pdf du document officiel original daté du 22 février )
ça aurait été mieux sans la mort largement publiée d'un activiste de l'open access, mais voilà, ça arrive après.... donc il n'a pas vécu pour rien. Et ici : la BNF le CNRS, les facs ? Tout et non digéré on dit bien. A chacun d'y prendre ce qu'il peut y trouver, il ne s'agit pas de digérer ces documents dans une version médiatique, soyons clairs, mais de les livrer bruts de coffrage.
2.
Sur l'analyse (la déconstruction) des étrangetés de l'enquête sur Swartz voyez ici :
http://www.emptywheel.net/?s=Aaron+Swartz&submit=Search
et en prime voyez ça (à l'accueil du 23 février 2013) :
http://www.emptywheel.net/
Sur le reste : comment conclure sinon débattre (et traduire, traduire, retranscrire, retranscrire)...
Maintenant qu'ils vont tuer leurs activistes ou leurs journalistes à l'étranger, eux-mêmes avec des drones (enfin un pour commencer), comment ne pas comprendre que nous ne pouvons pas continuer à demander au gouvernement Hollande de changer de politique étrangère non seulement pour l'épargner les autres populations mais pour maintenir nos libertés ici ?! (naïve hein;-)
http://www.guardian.co.uk/world/2013/feb/07/white-house-drones
Bonne soirée.
A.
Animatrice, éditorialiste, directrice des éditions
http://www.criticalsecret.com
http://www.criticalsecret.net
http://www.criticalsecret.org
Podcast thématique
http://www.criticalsecret.com/n15/index.php
Auteur et partenaire éditorial
http://www.larevuedesressources.org
_______________________________________________
Nettime-fr mailing list
http://www.nettime.org/cgi-bin/mailman/listinfo/nettime-fr