Zarana Papic on Fri, 23 Apr 1999 02:16:30 +0200


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Subject: Kosovo : Le " nettoyage ethnique " intervenu dans la régiondu
Nord Ouest du Kosovo : des crimes contre l'humanité(FIDH), 12-04-99 *
Date: Thu, 22 Apr 1999 12:53:33 +0200
From: Le Courrier des Balkans <[email protected]>
To: [email protected]

Fédération Internationale Des Droits de l'Homme (FIDH)
12 avril 1999


KOSOVO 
Le " nettoyage ethnique " intervenu dans la région du Nord Ouest du
Kosovo : des crimes contre l'humanité 

Monsieur William BOURDON et Madame Desanka RASPOPOVITCH, Secrétaires
Généraux de la FIDH se sont rendus au Monténégro du 8 au 11 avril 1999
aux fins d'enquête sur la situation des réfugiés.

Ils se sont rendus d'abord à Ulcinj et ensuite à Rozaje. 

La délégation de la FIDH y a rencontré des réfugiés d'origine sociale et
économique très diverses, ainsi que, à proximité de Rozaje, (le seul
passage possible entre le Kosovo et Monténégro), des réfugiés qui
venaient de fuir leur  village après avoir passé parfois plus de huit
jours dans les montagnes.

La délégation de la FIDH, dans l'attente du rapport définitif qui
devrait être publié prochainement, est en mesure de dresser de ces
rencontres avec les réfugiés les premières conclusions suivantes :

- la situation des réfugiés au Monténégro sur le plan humanitaire est
catastrophique et infiniment moins satisfaisante que ce qui a pu être
décrit précédemment, situation qui ne cesse de s'aggraver, compte tenu
du flot quotidien et incessant de nouveaux réfugiés (entre 1000 et 1500
par jour).

Si ce n'est la solidarité très forte des institutions monténégrines et
l'action de quelques organisations humanitaires, l'absence des grandes
institutions et organisations internationales est criante et sauf
mobilisation extrêmement rapide de l'aide internationale, la tragédie
que vivent les réfugiés pourrait se transformer en chaos absolu.

A cette situation critique, se rajoute un sentiment d'insécurité
résultant du risque d'un retournement de la situation politique au
Monténégro qui mettrait les réfugiés à nouveau dans une situation de
risque extrême.

De l'ensemble des témoignages recueillis, il résulte que les réfugiés
ont été contraints de quitter le Kosovo dans le cadre d'un plan
prémédité, extrêmement bien élaboré dans le but de modifier radicalement
la structure de la population au Kosovo.

Ces départs forcés ont été précédés, accompagnés et suivis par de très
graves violations aux droits de l'homme commises de façon généralisée et
systématique sur une grande échelle.

En effet, l'expulsion forcée des albanais a été précédée ces derniers
mois de l'instauration d'un climat de terreur marqué par les
disparitions suivies d'assassinats et des meurtres.

Les habitants ont été contraints de quitter leur domicile par l'action
conjuguée et coordonnée de l'armée, de la police et des forces
paramilitaires composées bien souvent de civils serbes militarisés dans
les dernières semaines.

Ces forces se sont rendues responsables d'assassinats, de menaces de
mort, de menaces de destruction de biens et parfois de pilonnage de
maisons.

Les habitants ont fui leur maison dans une précipitation et un dénuement
total.

Ils ont été, la plupart du temps, témoins du pillage et de l'incendie
quasi immédiat de leur habitation.

De nombreux témoins ont par ailleurs fait état de la "liquidation" des
vieillards et invalides restés sur place.

Des colonnes de civils se sont formées le plus souvent accompagnées par
les mêmes forces qui jusqu'à la frontière ont continué à se livrer à de
très graves exactions, y compris des assassinats.

Des témoignages recueillis, il résulte également que des centaines de
milliers de personnes dans la région sont actuellement encerclées sans
possibilité de fuite, sans qu'il soit possible de déterminer avec
certitude le but ici recherché.

                             

                             

                             

                             

                             

                             

                            Quoiqu'il en soit, des crimes contre
l'humanité se sont commis sur une grande
                            échelle, continuent à se commettre sans
préjudice d'une éventuelle qualification
                            de génocide.

                            Les responsables de ces crimes devront en
répondre devant le Tribunal pénal
                            International (TPI).

                            La FIDH appelle la communauté internationale
à fournir l'aide immédiate et
                            massive aux réfugiés du Monténégro.

                            Elle demande que tout soit entrepris pour
que cessent les crimes contre
                            l'humanité en cours d'exécution et que tout
soit mis en oeuvre pour que les
                            réfugiés puissent, dans des conditions de
sécurité absolues, rentrer chez eux.


                            Fait à Paris, le 12 avril 1999

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