Zarana Papic on Fri, 21 May 1999 21:22:31 +0200


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Syndicate: [Fwd: Monténégro : L'Armée yougoslave contre les médias (monitor),14-05-99 *]


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Subject: Monténégro : L'Armée yougoslave contre les médias
(monitor),14-05-99 *
Date: Fri, 21 May 1999 20:50:53 +0100
From: Le Courrier des Balkans <[email protected]>
To: [email protected]

ZORAN RADULOVIC
MONITOR
14 mai 1999
(traduit par Jasna Tatar)

L'ARMEE YOUGOSLAVE CONTRE LES MEDIAS MONTENEGRINS

Le juge d'instruction du Tribunal militaire près le commandement de la
Deuxième Armée a  décidé d?ouvrir une enquête et de lancer un mandat
d?arrêt contre Miodrag Perovic, fondateur de l'hebdomadaire Monitor et
de la radio Antena M, et contre Nebojsa Redzic, rédacteur en chef de la
radio Free Monténégro. Ensuite, la police militaire s?est mise à la
recherche de la journaliste Beba Marusic.

La policiers militaires ont travaillé le 10 Mai, normalement jour de
fête de l?Armée. Ils essayaient de débusquer et d?arrêter, dans les
locaux de Monitor  le professeur Miodrag Perovic. Depuis la sortie du
dernier numéro de Monitor,  c?était la troisième intrusion de la police
militaire dans la rédaction . Ils essayaient en fait d'appliquer l'ordre
du Tribunal militaire près le commandement de la IIème Armée. En effet,
le lieutenant colonel Milorad Savovic, juge d'instruction du Tribunal
militaire de Podgorica  a décidé d?ouvrir une enquête et d?emprisonner
Miodrag Perovic, professeur d?université et fondateur de l'hebdomadaire
Monitor et de la radio Antena M. Nebojsa Redzic, rédacteur en chef de la
radio Free Monténégro est soumis à la même menace. La conclusion qui
s'impose est que la pression sur les journalistes et les médias qui
travaillent au Monténégro augmente. Apres une poursuite générale des
reporters étrangers, l?Armée yougoslave (VJ) cible maintenant les médias
monténégrins.

Les tentatives du pouvoir de Milosevic, de ses partisans au Monténégro
et d'une partie des cadres de commandement de la VJ d'imposer au
Monténégro l?uniformité médiatique qui règne en Serbie depuis la mi-mars
sont de plus en plus évidents et entrent dans une nouvelle phase,
beaucoup plus radicale. Les tentatives d?intimidation par une
démonstration de force militaire et les menaces du tribunal militaire ne
sont qu'une continuation de la poursuite a laquelle Monitor est soumis
depuis l'adoption de la Loi sur l'information en Serbie, à l?automne
dernier. Immédiatement après l'Adoption de cette loi, Monitor a été
condamné, comme Dnevni telegraf et Evropljanin (journaux de Serbie,
NDLT), d'abord d'une amende très élevée, avant de figurer sur la liste
des médias dont la distribution est interdite en Serbie. Certains ont
perçu les frappes de l'OTAN contre la Yougoslavie (RFY) comme l?occasion
idéale pour régler des comptes avec notre journal. On peut en conclure
que les sages autorités de Belgrade ont estimé que le règlement de
compte avec les opposants représentait, en ce moment, l?activité la plus
utile à la défense du pays. Par exemple, le juge d'instruction du
tribunal militaire de Podgorica accuse le professeur Perovic, « civil de
Podgorica », d?une « infraction au renom de la RFY, en entravant la
lutte contre l'ennemi » (article 157, alinéa 1, et article 118 alinéa 2
du Code pénal de la RFY). Nous citons le document qui ordonne
l'ouverture d?une enquête et l?emprisonnement de Miodrag Perovic, qui
explique que ces mesures ont été prises en raison du doute fondé que
Miodrag Perovic, « journaliste  auprès de la rédaction de l'hebdomadaire
monténégrin Monitor, dans le contexte de l?état de guerre et des
attaques de l'OTAN, s'est moqué en public de la VJ, dans son article «
Etre ou ne pas être », paru dans Monitor du 16 avril 1999, avec les
phrases suivantes: « L?Armée yougoslave défend héroïquement le pays  de
l'aviation de l'OTAN. Avec ses chars de combat, elle attaque les
citoyens de ce même pays, sous menace de mort, elle envoie une colonne
de vieillards, des femmes et des enfants vers des frontières que, selon
la Constitution, elle devrait garder. Pour leur montrer le chemin, elle
les force à marcher entre des rails de chemin de fer, bordés de champs
de mines ».  Le professeur Perovic est  accusé, de plus, d'avoir
dissuadé les citoyens du Monténégro de « lutter contre l'ennemi ». Pour
justifier cette accusation, le juge d'instruction s'est servi d'une
nouvelle citation de l'article incriminé : « il semblait, jusqu'à hier,
que la Résolution du parlement sur le maintien de la paix civile était
capable de protéger le Monténégro de la guerre civile et de la guerre
contre l'OTAN. Hier, par contre, la marine de guerre s?est mise à
aggraver l?instabilité... Elle a tiré contre les avions de l'OTAN depuis
le port de Bar. Un acte insensé et sans honneur. Insensé, car l?armement
de la Marine est tellement inférieur que l'OTAN pourrait l?anéantir en
quelques heures. Sans honneur, car les ports mettent des dizaines ou des
centaines d?années à  se construire, et sont protèges par les
conventions internationales interdisant les activités de guerre depuis
les ports... » Les accusateurs militaires n?ont réussi à collecter que
deux informations sur Miodrag Perovic. La première, « un civil », est
exacte, mais la deuxième, « professeur d?université, journaliste auprès
de la rédaction », est fausse. Il était suffisant de regarder le numéro
de "Monitor" dans lequel cet article a paru pour apprendre qu'il n?était
pas membre de la rédaction , mais l?un des fondateurs de l'hebdomadaire,
enseignant à l?Université du Monténégro. Il était inutile de rechercher
M. Perovic à rédaction de Monitor. Cela signifie, également, que les
conditions légales pour la mise en prison de Miodrag Perovic ne sont
toujours pas remplies, car le tribunal doit, au préalable, posséder les
coordonnées et l'adresse personnelle de l'inculpé. Les organes
juridiques militaires ont oublié ce détail, de même qu'ils avaient
ignoré l'attitude du pouvoir civil monténégrin concernant le travail des
médias et leur éventuelle responsabilité.

« Nul ne peut entraver le travail d?un media au Monténégro, à moins
qu?une décision du tribunal ne reconnaisse que ce media appelle à la
destruction violente de l'ordre constitutionnel, porte atteinte à
l?intégrité territoriale de la république et de la RFY, ou encore à une
liberté ou un droit garanti, ou qu'il incite à la haine nationaliste ou
religieuse », rappelle Bozidar Jaredic, secrétaire à l'information de la
république. Jaredic remarque que la Loi sur l'information du
Monténégro interdit "à quiconque de porter atteinte illégalement à la
liberté de l'information publique, au travail des médias et de leurs
représentants, ou d'influencer leur travail par la force".

Laissons de cote notre incompréhension devant la déclaration du juge
d'instruction qui soutient qu?un sursis à l'arrestation pourrait «
rendre la collecte des preuves plus difficile voire même impossible ».
Les preuves existent déjà. L'article incriminé, publié dans Monitor, est
accessible aux juges du Tribunal militaire. Ils l'ont cité, d'ailleurs
faussement, dans le document adopté. La chose la plus sérieuse dans
toute cette histoire est l?objet même du « délit » pour lequel Perovic
est menacé d'une peine de prison de plusieurs années. Il n'a pas appelé
à la révolte ni à un coup d?Etat violent comme l'a fait Pavle Bulatovic,
le ministre fédéral de la Défense, dans une interview au quotidien Dan,
il n'a pas incité à la haine nationale, raciale ou de confessionnelle,
il n'a ni revendiqué ni pratiqué la purification ethnique, personne n'a
été tué, blessé ou chassé de chez soi à cause de lui, aucune maison
n'est brûlée, aucun pont, aucune usine ni aucun immeuble n?ont été
détruits... Miodrag Perovic n'a pas tiré avec une arme automatique dans
les rues de la ville, ivre et en uniforme de la VJ, comme tant d?autres
le faisaient au cours de ces derniers quarante jours. Le professeur
Perovic a rappelé que l?article 35 de la Constitution de la RFY garantit
la liberté de conscience, de pensée et d?expression publique. Ces
droits, d?après la constitution, ne peuvent pas être suspendus malgré
l?état de guerre. D?ailleurs, conformément aux décisions du Parlement
monténégrin en vigueur, l'état de guerre n'est pas proclame dans la
république. La Constitution monténégrine garantit que « les citoyens ont
droit à exprimer et publier leurs opinions dans les médias ». La
juridiction militaire a quand même trouve commode de voir, dans
l'article incrimine un délit « d'entrave à la lutte contre l'ennemi ».
L?emprisonnement de l'inculpé serait nécessaire, car l?on craint qu'il
répétera son délit médiatique, et donc, « au vu de la gravite de délit,
sa liberté de mouvement serait très dangereuse. L?écriture d'un autre
article ne doit pas être permise à l'inculpe ». Cela peut être
interprété comme une tentative d?intimidation envers tous ceux qui
pensent différemment et essaient d'expliquer, à leur façon, le malheur
qui nous arrive. On passe, ici, dans le domaine de la morale.

Il y a cinquante ans, Henri Toro écrivait dans un essai intitulé Sur les
devoirs du citoyen à la désobéissance :  « Un grand nombre de gens
servent l'Etat,  non pas comme l?on devrait le faire, mais plutôt comme
des machines, avec leurs corps... Très peu de gens, et ce sont des
héros, des patriotes, des réformateurs, servent a l'Etat avec leur
conscience, et c'est pourquoi ils s'opposent souvent à l'Etat qui les
traite en ennemis ». Il est possible que cette citation  puisse
s?appliquer au décret proclamant l?état de guerre.

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