/b/u/g/ on Thu, 9 May 2002 10:52:18 +0200 (CEST)


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[nettime-fr] samizdat.net - Un livre sur les journee de Genes


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    G�nes - 19, 20 et 21 juillet 2001
    Multitudes en marche contre l'Empire

Les journ�es de G�nes de mobilisation contre la mondialisation
n�o-lib�rale. Un r�cit � plusieurs voix, celui d'une histoire
en train de se faire :

    - Racont� par des d�p�ches, des t�moignages, des appels,
      des analyses, des photos...

    - Racont� par des � Tute bianche �, des syndicalistes, des
      participant(e) aux � Black Blocks �, des militant(e)s d'Attac
      ou d'act Up Paris, des f�ministes, des associatifs, des
      communistes, des inorganis�(e), des libertaires...

Une production samizdat.net et complices
300 pages, format 15x21, illustr� (noir et blanc)
      
Prix : 16 Euros en librairies (d�but juin)
Vendu 11 Euros par souscription, franco de port.


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NOM _______________________________________  PRENON __________________

ADRESSE ______________________________________________________________

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COMMANDE ______ EXEMPLAIRES AU PRIX UNITAIRE DE 11 EUROS (PORT INCLUS)

                                          TOTAL ________________ EUROS

Ch�que � l'ordre de � samizdat.net � - A retourner (avant le 31/05/02)
� samizdat.net c/o CIPC 41 ter, rue Voltaire, 75011 Paris.

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    Retour de G�nes, retour sur G�nes

� Dans la capitale ligure elle-m�me, il existe un chant
traditionnel, polyphonique, celui des dockers qui, une fois le
labeur termin�, font trallal�, trallal� en ch�ur dans les bars.
G�nes, des choses et d'autres, des voix et des sons. Durant les
jours du G8, avant, pendant et apr�s la catastrophe, un gigantesque
trallalero a retenti dans toute la ville. Des centaines de milliers
de manifestants, des femmes, des hommes et des enfants, qui hurlent
tant�t de panique, tant�t de bonheur, tant�t de col�re ; des forces
militaires qui cognent leurs matraques tant�t sur leurs boucliers,
tant�t sur la gueule qui passe � leur port�e ; des commentaires
idiots mais �nonc�s doctement ; des id�es de transformation avanc�es
� voix basse, des histoires, des pri�res, des chants � (1).

Du 19 au 21 juillet 2001 se r�unissait � G�nes le G8, dans une
Italie qui venait tout juste de passer sous le contr�le d'une
coalition de droite, sous la direction du tr�s controvers� Silvio
Berlusconi, rassemblant aux c�t�s de Forza Italia (le parti du
cavagliere), les � post-fascistes � de l'Alleanza nazionale, les �
s�paratistes � x�nophobes de la Ligue du Nord, plus quelques restes
de la vieille D�mocratie chr�tienne.

Un sommet du gouvernement autoproclam� du � Monde � qui s'annon�ait
aussi d'embl�e comme un enjeu majeur, tant pour le pouvoir qui �
apr�s les contre-manifestations massives de Seattle, Pragues, Davos,
Nice, Qu�bec ou encore G�teborg � doit absolument faire une
d�monstration de force politique aux yeux du monde et imposer sa
supr�matie ; que pour la contestation de la mondialisation
n�olib�rale qui ne peut que saisir cette nouvelle occasion d'�tre
acteur � tout � fait ind�sirable � d'un processus de transformation
sociale globale que l'on tente d'imposer � par le haut �.

Mais le rendez-vous de G�nes s'annonce aussi comme bien plus que
cela. Il ne pouvait de fait que marquer, � plus d'un titre, un
tournant pour le mouvement dit � anti-globalisation �, et clore
ainsi un cycle de luttes et de mobilisations initi� quelques ann�es
auparavant (1999) avec les journ�es de Seattle (2).

Tout d'abord parce que les sommets futurs des organismes
internationaux de pouvoir (Forum �conomique, Organisation mondiale
du commerce, G8, etc.) offriront probablement, de par leur
localisation, bien moins prise � des mobilisations de masse
internationales : ne parlait-on pas d�s l'approche de G�nes d'un
prochain sommet du G8 dans les Rocheuses canadiennes (3) ou d'une
session de l'OMC au lointain Quatar. Ensuite, et surtout, parce que
le mouvement lui-m�me � � partir de Seattle � a produit des parcours
collectifs qui ne peuvent �tre ind�finiment reproduits de fa�on
m�canique : que ce soit l'effet de surprise du processus coop�ratif
des multitudes qui s'est v�rifi� � Seattle, ou encore l'agr�gation
affinitaire dans l'action collective qui est apparue � Prague, aucun
de ces � mod�les � ne s'est r�p�t� � G�nes o�, qui plus est, le
mouvement s'est particuli�rement confront� � la force brute de
la violence du pouvoir d'�tat.

C'est dans cet �tat d'esprit que nous avons pris la route pour
G�nes. Nous, c'est-�-dire des dizaines de milliers de femmes et
d'hommes, de syndicalistes, de militants associatifs, d'activistes
divers et vari�s, de f�ministes, de religieux, de � casseurs �, de
pacifistes, etc. Des dizaines de milliers d'individus, venus des
quatre coins de la plan�te, qui ont investi dans cette sorte de
nomadisme de la contestation leurs parcours, leurs exp�riences,
leurs affects, leurs esp�rances et leur rage. Les multitudes du �
peuple de Seattle �, qui s'�taient transform�es au fur et � mesure
en � peuple de Prague �, � peuple de Qu�bec � ou � peuple de
G�teborg �� et qui s'est fait � peuple de G�nes �.

C'est que nous avons voulu raconter dans ce livre. Le r�cit
de cette histoire en train de se faire.

Car, plus encore que des raisons purement � politiques �, l'envie de
faire un livre � sur � G�nes tient surtout au fait que ceux d'entre
nous qui y ont particip� d'une fa�on ou d'une autre � qui �taient
� G�nes et qui ont particip� � la mobilisation avant � n'oublieront
jamais ces journ�es incroyables, et ne peuvent se retrouver dans les
interpr�tations m�diatiques et/ou id�ologiques qui, apr�s coup,
tentent d'occuper l'espace imaginaire et subjectif.

De par le travail r�alis� par les r�seaux de communication
alternatifs (en particulier autour de samizdat, du r�seau Indymedia
ou de Carta en Italie), qui d'autre que � nous � finalement dispose
de la � mati�re premi�re � pour raconter G�nes sans autre pr�tention
que de donner la parole � des acteurs de ce mouvement, sans d'autre
pr�tention que de restituer du v�cu, de la subjectivit�, du d�sir ou
de la rage, et une diversit� d'expressions politiques. Qui d'autre
pouvait envisager de livrer les sources de cet instant d'histoire
mineure � l'intelligence collective des sujets sociaux, loin de
toute reconstitution apocryphe ou mythologique (4).

� Donner corps � la polyphonie des multitudes de l'Empire �, comme
nous l'avions annonc� avant G�nes (5). Car c'est bien de cela qu'il
s'agit. Parler avec dix mille voix, raconter de cent mille fa�ons,
construire un point de vue politique riche de la diversit� de nos
points de vue.

Cet ouvrage est donc d'abord un recueil de documents du mouvement et
de r�cits � la premi�re personne. Des textes qui sont tout autant
les minuscules � d�p�ches � que nous diffusions � chaud (6), les
appels des diff�rentes composantes du mouvement de G�nes, que les
insatiables paroles �crites de ceux d'entre nous (et d'autres, tant
d'autres) qui ont ressenti le besoin de dire dans les jours ou les
semaines qui ont suivi ce qu'ils ont v�cu � G�nes. Des images aussi,
qui saisissent ces fragments instantan�s infimes de ce � quoi nous
avons assist� et particip�.

Peut-�tre faut-il, pour conclure et pour lever toute ambigu�t�,
justifier aussi certains choix. Nous n'avons, bien s�r pas � tout �
publi� : comme pour n'importe pour quel ouvrage, il fallait trier,
s�lectionner et organiser une importante quantit� de mat�riaux
disponibles en particulier sur les mailing lists et les sites web du
mouvement. Ces choix sont bien s�r parfaitement subjectifs. Nous
avons cela dit cherch� � respecter au maximum les diverses
sensibilit�s qui se sont exprim�es, ind�pendamment de nos propres
proximit�s ou engagements politiques personnels ou collectifs.
R�p�tons-le : la qualit� du d�bat dans le mouvement nous importe
plus que les � v�rit�s � h�tives.

C'est pourquoi aussi, loin d'esquiver le d�bat sur la � violence �
dont ont fait usage une partie des manifestants, ou sur les �
provocations polici�res �, nous avons par contre �cart� les prises
de positions par trop pol�miques et r�ductrices, pr�f�rant illustrer
la diversit� � et �ventuellement les oppositions � de points de vue
et de logiques, et les livrer ainsi � la r�flexion collective. C'est
dans cette logique que samizdat.net avait d�j�, dans le feu de
l'action, accord� une certaine place aux prises de positions de
diverses composantes du � Black Block �, tout comme � celles des
composantes pacifistes et non-violentes, des � Tute Bianche � ou
encore des � sorci�res f�ministes � comme Starhawk. Polyphonies,
encore� (7)

Enfin, comment conclure sans avoir une pens�e pour Carlo Giuliani,
tomb� sous les balles de la police de l'Empire, et aux centaines et
centaines de bless�s, tortur�s, frapp�s, interpell�s, emprisonn�s,
pour �tre venu exprimer leur conviction qu'un autre monde, un monde
fait d'autres mondes, est n�cessaire et possible.

samizdat.net 
Mars 2002


(1) Thomas Lemahieu, Trallalero genovese - Polyphonies g�noises,
ao�t 2001. Tr�s beau r�cit � plusieurs voix, publi� sur le site web
P�riph�ries : http://www.peripheries.net/i-genes.htm

(2) Sur Seattle voir : Starhawk, Comment nous avons bloqu� l'OMC.
http://infos.samizdat.net/article.php3?id_article=72

(3) Le prochain sommet du G8 aura effectivement lieu � Kananaskis,
localit�e isol�e dans les Montagne Rocheuses (genre Davos en moins
accessible), pr�s d'Ottawa au Canada.

(4) Qu'il s'agisse, par exemple, des inepties mensong�res d'une
Susan Georges qui reprend le refrain complotiste sur les � casseurs
manipul�s par la police �, ou l'imb�cillit� parano�aque d'une partie
de l'ultra-gauche parisienne qui d�nonce avec hargne la � trahison
r�formiste � de tous et verse dans un douteuse �loge de l'�meute.

(5) Voir notre texte : samizdat.net, Donner corps � la polyphonie
des multitudes de l'Empire, repris dans cet ouvrage.
http://hns.samizdat.net/article.php3?id_article=92

(6) Voir en particulier le web de samizdat (Hacktivist News Service
: http://hns.samizdat.net/rubrique.php3?id_rubrique=14) et le
Temporary News Engine (http://genova.samizdat.net) mis en place au
moment de G�nes.

(7) Le lecteur attentif remarquera aussi que nous n'avons pas c�d�
� la tentation, contrairement � d'autre, de noyer la � le�on g�noise �
dans le trauma du 11 septembre. � Apocalypse New York � marque tr�s
certainement un tournant dans la politique de l'Empire (le passage
� l'�tat de guerre permanent), mais n'oblit�re en rien la n�cessit�
d'une �valuation du parcours collectif des multitudes de Seattle
� G�nes. Sur les �valuations du 11 septembre et de ses effets
collat�raux, voir :
http://infos.samizdat.net/rubrique.php3?id_rubrique=24

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