Olivier Auber on Sun, 6 Apr 2008 13:14:12 +0200 (CEST) |
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Re: [nettime-fr] "Holy Fire, Art of the Digital Age", Bruxelles, 18-30 avril |
"y.le guennec" <[email protected]> writes: >> - elle ouvre de nouvelles formes qui font partie d'une évolution plus >> générale de la fusion entre monde internet et monde physique, où de >> plus en plus les activités des réseaux seront tangibles dans l'espace >> construit, urbain et inversément... cela permet d'autres types >> d'interactions, de débats, de participation, d'échanges.... en dehors >> de l'espace privé de la consultation individuelle sur écran. > > C'est un fait, l'évolution passionnante vers l'internet des objets , > l'IPV6, etc... 05/04/08, *Bastien* <[email protected]> a écrit : Est-ce qu'on peut m'expliquer le potentiel esthétique qui couve dans le passage de l'IPV4 à l'IPV6?Ben IPv6 pourrait permettre d'éviter que l'Internet se recroqueville en forme de Minitel 2.0
http://reglement.mezzoproject.com/Minitel2Zero Comme tente de l'explique cet extrait de "GAME OVER, changeons l'Internet!"(Troll sur la liste ISOC-refondation en cours de réformulation sur: http://perspective-numerique.net/wakka.php?wiki=GameOver )
« Il est dit partout que la version actuelle du protocole sur lequel fonctionne l'Internet depuis 25 ans (IPv4) arrivera à saturation vers 2011 et qu'en conséquence le passage à la version 6 (IPv6) devra avoir lieu avant, c'est-à-dire tout de suite. Beaucoup n' y voient un saut quantitatif, à savoir que les nouvelles adresses disponibles à profusion (2 puissance 128, soit environ 2,56 × 10 puissance 38) pourront être utilisées pour identifier, relier et contrôler n'importe quoi (qui), ce qui peut être la source de nouveaux profits. Bref, rien de nouveau. C'est évidemment une vison très réductrice. Il y a en effet dans IPv6 l'amorce d'un changement qualitatif d'une importance décisive: c'est la notion d'adressage de groupe connue sous le nom de "IP Multicast" définie par Steve Deering dès 1985.
Dans l’Internet tel que nous le connaissons, il est impossible de réunir un « groupe » - ce terme désignant une assemblée en conversation synchrone comprenant plus de deux personnes - ce qui peut vouloir dire des millions - sans avoir recourt à une machine particulière effectuant la commutation entre les individus. Cette machine dépend nécessairement de "quelqu'un", le plus souvent d’un tiers extérieur au groupe (Facebook par exemple). Le « lieu de la rencontre » est nécessairement « privé ». Il faut donc le dire et le répéter : il n'existe pas à ce jour de véritable "espace public" sur l'Internet. L'espace public n'est tout au plus qu'une collection d'espaces privés interconnectés. Dans le contexte de verrouillage commercial et sécuritaire du réseau auquel nous assistons, la surveillance automatique des réunions privées équivaut de plus en plus à une « interdiction de réunion sur la voie publique ».
Les « adresses de groupe » prévues dans la prochaine version de l’Internet font potentiellement sauter ce verrou. Elles ne sont pas attachées à une machine particulière. A ce jour, elle ne sont pas la propriété de qui que ce soit, et peuvent être choisies et utilisées par n’importe qui. Tel que défini par Steve Deering, le Multicast est un protocole symétrique, c'est à dire qu'il est théoriquement possible pour tous de recevoir ET d'émettre un flux de quelque nature que ce soit sous couvert d'un numéro de groupe. Bien entendu, il faut pour cela des logiciels particuliers8 capables de formater et d'interpréter ces données. Dès lors, il est possible avec le Multicast de faire de manière économique et sans dépendre de tiers, beaucoup de choses que l'ont fait déjà avec l'Internet Unicast actuel, mais il est surtout envisageable de concevoir une toute nouvelle classe d'applications collaboratives distribuées qui pourraient rendre désuètes très rapidement celles du Web2.0.
Il y a donc en germe dans IPv6 une toute nouvelle culture du réseau, voire le changement de paradigme qui pourrait remettre les compteurs à zéro. *Ipv6 peut contribuer à créer enfin un véritable espace public sur l'Internet, à condition que cette idée soit défendue.*
Ce changement, nous l’analysons comme le passage d’un réseau fonctionnant suivant une forme de « perspective temporelle » admettant comme point de fuite les serveurs assurant la commutation des groupes, à un autre où s’exercerait une « perspective numérique » régulée par des « codes de fuite » que sont les adresses IP de groupe. Cette transformations extrêmement profondes pourraient conduire l'actuelle "économie de l'attention" a muter en une "économie du lien" impliquant de tout autres rapports sociaux. Elle induit au passage un renouveau complet des formes de légitimité des structures présidant aux destinées du réseau. Dans un esprit plus proche de la « seconde cybernétique, ces organismes devront s’inclure eux-mêmes dans le système auquel elles président, et donc devenir acentrées, comme lui. »
Bon, en terme de potentiel esthétique, disons que c'est pas mal: de mémoire d'homme, nous n'avons pas connu un "espace public" affranchi des "espaces privés" depuis la fin du paléolithique, il y a 10 000 ans environ ;-)
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