vgranger on Mon, 22 Sep 2003 19:13:41 +0200 (CEST) |
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Re: [nettime-fr] |
j'applaudis � deux mains voil� une longue et bonne synth�se sur les d�finitions. Si je m'amuse � taquiner certains int�gristes c'est bien pour revenir � cela. Quand je dis le copyleft n'a aucune validit� juridique, c'est vrai si on isole le terme copyleft ! maintenant si ce terme sert � d�finir une logique de contrat et de licence tr�s bien ... pourquoi pas ? cette r�flexion est interressante mais ca reste un label de contrat ou de licence ... car ce terme est nullment juridique et ne peut faire foi dans un proc�s comme je l'ai d�j� expliqu�.... maintenant libre de mettre ce que l'on veut: apposer un copyright + date + nom reste une mention l�gale qui tient devant un tribunal... maintenant libre � chacun d'utiliser le r�gime qui lui convienne et surtout merci d'avoir �clair� les nuances entre copyright et droits d'auteur... et encone on ne parle pas du fair use autoris� dans le copyright qui se retrouve dans la 'r�flexion du copyleft' comme tout int�griste, les int�gristes du copyleft ferait mieux de r�fl�chir sur quoi ils parlent !!! Val�ry Grancher ----- Original Message ----- From: "Jean-Claude Gu�don" <[email protected]> To: "Antoine Moreau" <[email protected]>; "vgranger" <[email protected]> Cc: <[email protected]> Sent: Monday, September 22, 2003 3:24 PM Subject: Re: [nettime-fr] > Je crois que beaucoup de confusion entoure ce d�bat et il serait utile de > lever quelques probl�mes. > > 1. En d�pit de la symm�trie du terme, qui rel�ve plus du jeu de mots que > d'autres consid�rations, le copyleft ne fonctionne pas de la m�me fa�on que > le copyright. Ce dernier, dans les pays suivant les r�gles du "common law" > d'origine britannique, rel�ve d'un dispositif l�gal sp�cifique; le copyleft, > en revanche, rel�ve de la loi des contrats puisqu'il s'agit d'une licence. > > Par ailleurs, le copyleft distingue nettement entre propri�t� et acc�s, voire > m�me appropriation, et surtout ne consid�re pas ces termes comme mutuellement > exclusifs. > > 2. Le copyright est une forme particuli�re de propri�t� qui, originellement, > appartient � celui qui a produit une oeuvre quelconque, tr�s g�n�ralement > l'auteur, �videmment; de ce point de vue, le copyright ressemble fort au > droit d'auteur. Il en diff�re surtout par le fait que cette propri�t� de > l'auteur sur son oeuvre est enti�rement cessible, ce qui n'est pas vrai des > droits dits moraux dans la tradition du droit d'auteur. > > Cette diff�rence (absence ou pr�sence des droits moraux) est constamment > mentionn�e dans les pays o� le droit d'auteur existe; pour autant, en > pratique, la diff�rence entre le droit d'auteur et le copyright est faible. > Lorsqu'un auteur signe un contrat avec une maison d'�dition, l'int�grit� du > texte et la pr�sence du nom de l'auteur sont g�n�ralement inclus de mani�re > automatique. Il est vrai que le "droit de repentir" n'appara�t pas dans le > copyright, mais j'aimeraiss avoir combien d'auteurs, en France, ont pu > exercer ce droit sans difficult�s et � quels co�ts. > > La convergence entre les deux syst�mes s'effectue banalement tous les jours : > la Grande Bretagne, par exemple, pour satisfaire aux r�gles de la Communaut� > europ�enne, ajoute simplement une notice pr�cisant que les droits moraux > seront respect�s. > > Les origines des doctrines pr�sidant � l'�mergence du droit d'auteur et du > copyright sont fascinantes et complexes. Mark Rose, dans Authors and Owners a > bien montr� comment la question du copyright s'est trouv�e m�l�e � la lutte > entre le roi et le Parlement, en Grande Bretagne. En effet, la propri�t� se > posait comme limite au pouvoir absolu du roi et celui-ci a vis� le maillon le > plus faible - la propri�t� litt�raire en l'occurrence - pour tenter d'en > d�samorcer les cons�quences g�n�rales quant � son pouvoir. C'est la Chambre > des Lords, ironiquement, qui a restaur� la limite temporelle sur la propri�t� > litt�raire pour bien marquer que cette propri�t�-l� �tait diff�rente des > autres et, par l�, montrer que le concept de propri�t� ne jouissait nullement > d'une sorte de statut transcendant situ� au-del� des pouvoirs du roi. > > En France, et Carla Hesse l'a bien montr�, le droit d'auteur a �t� cr�� pour > prendre la place au privil�ge du roi et ce droit d'auteur a �t� con�u un peu > comme si l'�tat r�publicain naissant agissait comme un "roi moral". En > d'autres mots, le droit d'auteur a �t� cr�� pour permettre � la nation > reconnaissante de r�compenser (temporairement, sur le mod�le du privil�ge) le > citoyen cr�ateur. > > Aus �tats-Unis, le principe de copyright a �t� inscrit dans la constitution > d�s le 18�me si�cle, ce qui est remarquable et l'esprit est d'�quilibrer le > bien public et l'incitation � la cr�ation. De cette fa�on se justifie la > limite de temps dans le monopole d'exploitation (� l'origine, il s'agissait > de 14 ans, renouvelable une fois - une dur�e tout � fait raisonnable � mon > humble avis, et � laquelle nous devrions rapidement revenir). � noter que > c'est par le truchement du copyright que la jeune r�publique am�ricaine a > construit un dispositif visant � nourrir le domaine public. Ceci montre bien > qu'il ne faut ni diaboliser le copyright, ni encenser aveugl�ment le droit > d'auteur. Ce n,est pas par un effort de purification de la loi fran�aise que > l'on engendrera n�cessairement un progr�s quelconque, quelle que soit la > d�finition de progr�s utilis�e ici. > > Pour r�sumer, le copyleft souligne simplement que propri�t� d'une part, et > acc�s et/ou appropriation ne sont pas mutuellement exclusifs. La gestion de > l'acc�s et/ou d'appropriation s'effectue au moyen de licenses qui rel�vent > des lois portant sur les contrats. L'amusant, �videmment, c'est que plus les > r�gles du copyright ou du droit d'auteur sont resserr�es, plus le copyleft se > renforce aussi. Il s'agit d'une sorte de judo juridique en somme. > > Jean-Claude Gu�don > > > > > Le 22 Septembre 2003 03:53, Antoine Moreau a �crit : > > � (At) 10:49 +0200 21/09/03, vgranger �crivait peut-�tre (may be wrote) : > > >le copyleft est devenu le nouveau dogme sans validation juridique, il n'y > > > a donc aucun debat juridique possible au regard du copyright sur le plan > > > juridique. > > > > Le copyleft est valable juridiquement depuis 20 ans avec la premi�re > > licence libre (la GPL des logiciels libres) et ne cesse d'affirmer sa > > pertinence, non seulement pour la cr�ation logicielle mais aussi pour > > d'autres types de cr�ations qui ont l'intention d'exc�der le droit > > d'auteur classique ou le copyright contemporain : > > Cr�ation artistique http://artlibre.org, sociale > > http://www.i3c-asso.org/, scientifique > > http://www.newscientist.com/hottopics/copyleft/copyleftart.jsp > > > > Comme tout contrat juridique les termes du copyleft sont valables > > juridiquement. Il n'y a pas d�bat, c'est entendu. La question est > > qu'il y a deux fa�ons de concevoir la cr�ation et son rapport avec > > autrui. Le d�bat est alors politique. > > > > >Il se trouve que je fais partie d'une cellule de conseil du 1er ministre > > >(depuis le mandat jospin) pour avec d'autre reflechir a des recomandations > > >pour la redaction de loi a l'assemblee nationale au sujet du droit > > > d'auteur et de la responsabilite civile sur internet. > > > > > >Je dirais donc que le choix du copyright pour moi est deja une position au > > >regard du droit d'auteur francais! > > >car le copyright est un concept juridique anglosaxon et eclut le droit > > > moral et le droit d'auteur tel qu'il est defini chez nous > > > > Le copyright n'est pas un droit d'auteur : c'est un droit du produit > > et du producteur (pas de l'auteur). > > Le copyleft s'attache au droit d'auteur pour reconsid�rer la place > > des auteurs dans la soci�t� quand le copyright (et la d�rive du droit > > d'auteur fran�ais avec les droits voisins par ex) ne se pr�occupe que > > de la finalit� productive des produits pour le producteur particulier. > > Le copyright contemporain, c'est comme si on n'accordait � l'argent, > > non sa valeur d'�change, mais sa seule valeur boursi�re. Le copyleft > > prend en compte la valeur d'�change des auteurs entre eux. > > > > >Tout juriste dirait que beacoup chose recommande par ce que vous appelez > > > le copyleft est deja permis par le copyright ! > > > > > >cela est d'autant plus drole que des couillons sans culture juridique > > > oppose le copyright au copyleft ! et Antoine Moreau vous le dira > > > �galement il n'y aucune opposition mais une adaptation et un > > > developpement. > > > > Le copyleft est un retournement du copyright qui se souvient de ce > > pourquoi a �t� cr�� le copyright : le soucis du bien public (dans les > > termes de "progr�s des arts et de la science") et rejoindre �galement > > l'origine du droit d'auteur qui envisageait, par ex, que l'oeuvre > > puisse �tre dans le domaine public au bout de 5 ans. Aujourd'hui il > > faut 70 ans apr�s la mort de l'auteur... > > > > >De plus le copyleft n'a aucune validite juridique aujourd'hui, aucune loi, > > >aucune jurisprudence ne le valide ! aucune decision de juge n'y fait > > >r�ference... > > > > > >Il semble que le copyleft ne soit qu'un label ! > > >Et vue que je n'ai jamais ete un camembert je ne tiens pas a �tre labelis� > > > ! > > > > Le copyleft n'est pas un label (ni de qualit�, ni d'appartenance) : > > c'est un contrat juridique valable comme des milliards d'autres > > contrats qui existent de part le monde. S'il y a contestation un jour > > sur la validit� de ces contrats , une jurisprudence permettra de > > faire le point. Pour le moment, aucune jurisprudence n'a �t� > > n�cessaire pour justifier le copyleft. Ce type de contrat fait ses > > preuves dans l'environnement actuel, il n'a pas vocation � �tre > > marginal et m�me subversif vis � vis de la soci�t�. > > > > >alors j'utilise les vrais outils valid� juridiquement � ma disposition et > > >quand le copyleft aura cette validite acquise gr�ce � une jurispurdence ou > > >une l�gisaltion, je commencera � r�f�lchir..... > > > > De fait, tout ce que tu produis est soumis au droit d'auteur. Un > > contrat juridique comme les licences libres copyleft > > http://artlibre.org/licence.php/licences.html permet de formuler (ces > > licences sont �crites par des juristes soucieux du droit) des > > intentions particuli�res en rapport avec la Loi. > > Tu penses utiliser de "vrais outils" quand tu mets tes oeuvres sous > > "copyright" ? Tu te soumets � ce qui force la Loi. Le copyright en sa > > d�rive contemporaine est l'arme favorite des pr�dateurs qui font main > > basse sur les richesses intellectuelles invent�es par les uns et les > > autres. > > Par cette petite provocation qui te para�t �tre le dernier cri de la > > subversion, revendiquer le copyright, tu me fais penser � cette > > attitude qui consiste � exprimer sa libert� � l'ombre s�curisante et > > s�curitaire de ce qui fait force de Loi. (je dis "fait force de Loi" > > car le copyright contemporain est le fruit de pressions tr�s grandes > > qui le font se transformer jour apr�s jour en instrument terrifiant) > > > > >Vous voyez que le copyright est plus subversif qu'on ne le pense !!!! > > > > Il faut savoir ce qu'on met derri�re la valeur du subversif. H�ritage > > de la modernit� ("tirer dans la foule au hasard" par ex), la > > subversion est aujourd'hui pratiqu�e de fa�on tr�s ordinaire par les > > toutes sortes de gens et dans des domaines vari�s (culture, > > politique, affaires, religion etc). L'intention est de violer le sens > > commun, le bien commun et la vie commune. > > > > Le copyleft n'est pas subversif, il est actif et attentif. > > -- > Jean-Claude Gu�don, Professeur > Litt�rature compar�e, Universit� de Montr�al > T�l. : 1-514-343-6208; Fax 1-514-343-2211 > > > < n e t t i m e - f r > Liste francophone de politique, art et culture li�s au Net Annonces et filtrage collectif de textes. <> Informations sur la liste : http://nettime.samizdat.net <> Archive compl�ves de la listes : http://amsterdam.nettime.org <> Votre abonnement : http://listes.samizdat.net/wws/info/nettime-fr <> Contact humain : [email protected]